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- Lutte ouvrière n°2770
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Editorial
Afghanistan, Irak, Mali : À bas les interventions impérialistes !
Il y a unanimité pour constater la débâcle de l’impérialisme américain en Afghanistan. Et comment pourrait-il en être autrement, quand on a en tête les images révoltantes des dizaines de milliers d’Afghans suppliant d’être évacués par l’armée américaine, leurs tentatives désespérées pour s’accrocher aux avions et, s’ajoutant à ce chaos, les attentats à la bombe ?
Mais les défenseurs de la politique des grandes puissances expliquent cette faillite par le fait que l’on ne peut pas apporter la liberté de l’extérieur ou, pire, « que le peuple afghan n’est pas mûr pour la démocratie ». Comme si les dirigeants américains, et derrière eux tous leurs homologues occidentaux, étaient allés en Afghanistan pour cela !
Les États-Unis ont envahi l’Afghanistan en 2001, à la suite des attentats du World Trade Center. Ils traquaient Ben Laden, le cerveau d’Al Qaida, mais surtout cela leur donnait une occasion en or pour occuper cet immense pays et tenter d’installer un régime à leur botte dans une région stratégique.
Pendant ces vingt années de guerre, ils ont cherché à s’appuyer sur toutes les cliques possibles, y compris les plus corrompues et les plus réactionnaires, pour installer un semblant d’État et une armée afghane. Ils ont dépensé 2 000 milliards de dollars pour cela. Ce n’était pas pour construire écoles, hôpitaux ou infrastructures susceptibles de changer la vie des habitants, et leur offrir des perspectives pour vivre mieux !
Après 2 500 morts parmi les soldats américains, plus de 200 000 parmi les Afghans, et des millions de déplacés et réfugiés, les États-Unis laissent derrière eux une poudrière. Non seulement ils se résignent au retour des talibans, mais ils comptent désormais sur eux pour combattre les milices de Daech, jugées plus dangereuses encore.
La population, notamment la petite bourgeoisie qui s’est développée à l’ombre de la présence occidentale et qui a cru aux promesses des États-Unis, se retrouve piégée dans un des pays les plus pauvres du monde, gangrené par le fanatisme et la barbarie. Les femmes se terrent, sans savoir si elles auront le droit de travailler, d’étudier ou de sortir de chez elles sans cette prison qu’est la burqa. Voilà ce que valent les promesses de libération et de démocratisation des dirigeants impérialistes !
Ce qui se passe en Afghanistan doit nous servir de leçon, car si la France n’a eu qu’un rôle secondaire et suiviste vis-à-vis des États-Unis, elle joue elle-même aux apprentis sorciers au Mali et dans la zone du Sahel.
Pour défendre les intérêts des Total, Bolloré, Dassault et Cie, le gouvernement français conserve des prétentions de grande puissance.
Macron l’a montré en se rendant vendredi 27 août au sommet de Bagdad, en Irak. Censé coordonner la lutte contre le terrorisme, celui-ci réunissait, entre autres, l’Arabie saoudite, dont le régime moyenâgeux n’a rien à envier à celui des talibans et qui est bien connue pour soutenir certains groupes terroristes contre d’autres. Cette mise en scène est abjecte mais, pour Macron, c’était une occasion comme une autre de se faire valoir.
Sans rire, Macron a posé en donneur de leçons sur le thème : « La France, elle, ne se désengagera pas et restera présente en Irak, comme au Sahel. » Il a même ajouté : « La France n’abandonne pas ceux qui se sont battus à ses côtés. » Quel cynisme !
Au moment où la terreur s’abattait sur Kaboul, Macron proclamait qu’il s’opposerait à l’arrivée d’un nouveau flux d’immigrés afghans ! Et sa pseudo-proposition de zone protégée pour rapatrier des auxiliaires afghans n’est qu’un faux-semblant. Comme l’a montré le sort réservé aux harkis, les supplétifs de l’armée française, après la guerre d’Algérie, les dirigeants impérialistes n’ont que faire de ceux qui se mettent à leur service.
Les principales victimes de l’impérialisme sont les femmes et les hommes des pays pillés et ravagés par les guerres. Ce sont les femmes et les hommes d’Afghanistan, d’Irak ou du Mali. Mais nous sommes tous doublement concernés. D’abord, parce qu’il est illusoire de penser vivre en paix dans un monde rendu invivable pour des millions de femmes et d’hommes. Et puis, parce que les multinationales au profit de qui on opprime les peuples des pays pauvres sont les mêmes qui nous exploitent et nous appauvrissent ici.
Aucun des problèmes qui se posent à l’humanité – le risque d’une guerre généralisée, le terrorisme, la crise économique ou écologique – ne peut être résolu sans remettre en cause la domination de l’impérialisme et son fondement, le capitalisme.
Dans ce combat, les victimes de l’impérialisme, les Afghans, Irakiens ou Africains, qui frappent à nos portes, ne sont pas des ennemis, mais des alliés. La première des choses est de leur tendre la main.
Bulletins d’entreprise du 30 août 2021