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Leur société
Passe sanitaire, obligation vaccinale : la loi passe, la colère reste
Samedi 7 août, les manifestations contre le passe sanitaire et l’obligation vaccinale ont regroupé 237 000 personnes dans plus de 150 villes d’après le ministère de l’Intérieur.
Le gouvernement a monté en épingle la présence de l’extrême droite, notamment autour d’une pancarte imbécile et clairement antisémite brandie par une ancienne membre du Front national à Metz. Après l’ouverture d’une enquête, celle-ci a été interpellée sur ordre du préfet de Moselle, à la demande du ministre de l’Intérieur. Le gouvernement voudrait discréditer le mouvement de protestation en assimilant l’ensemble des manifestants à l’extrême droite.
Dans de nombreux cortèges, celle-ci est en effet très visible, des royalistes aux identitaires au crâne rasé. À Paris, chaque semaine, Philippot défile en tête d’un des cortèges où se retrouvent Dupont-Aignan et tous ceux qui, dans cette mouvance, tentent d’exploiter le mécontentement.
Mais il y a aussi dans les cortèges des gilets jaunes, des restaurateurs, des pompiers, des soignants, tous ceux qui se sentent visés directement par le gouvernement et qui veulent exprimer, au-delà de leur rejet de l’obligation vaccinale, celui de sa politique. Macron mène une opération politicienne pour prouver sa capacité à imposer des mesures autoritaires aux travailleurs et préserver les intérêts du grand patronat. Le fait que le passe sanitaire soit exigé pour boire un verre à l’air libre, sur une terrasse de bistrot, mais pas dans les transports en commun pour aller travailler, en est une illustration.
Exprimer sa colère en manifestant contre cette loi sanitaire est plus que légitime, mais pour les travailleurs est-il possible d’en rester là ? Dans les manifestations, le slogan « liberté » est l’un des plus repris. Ce n’est certes pas le plus clair car de quelle liberté s’agit-il ? Celle des grands groupes pharmaceutiques comme Pfizer ou Moderna d’augmenter le prix de leurs vaccins ? Celle-là, il est indispensable de s’y opposer pour que la majorité de l’humanité, y compris dans les pays les plus pauvres, puisse avoir celle de se vacciner, de se soigner. Des contraintes, des obligations, des mesures autoritaires devront être imposées aux capitalistes, aux licencieurs, aux industries pharmaceutiques et aux multinationales qui jouent avec la santé et la vie des gens pour encaisser le maximum de profits.
Un autre slogan récurrent est « Macron dégage, Macron démission ». Il traduit le premier sentiment de colère qui se tourne naturellement contre le pouvoir exécutif. Mais alors que les Philippot et autres Dupont-Aignan peuvent tout à fait l’utiliser à leurs propres fins, les travailleurs doivent aller plus loin, car ils ont d’autres objectifs à mettre en avant. Derrière le serviteur Macron, il y a une classe sociale, la bourgeoisie et son système économique, le capitalisme : c’est à celui-ci qu’il faut s’attaquer, au-delà de celui qui n’en est que la façade interchangeable. Pour imposer leur droit de vivre, d’avoir un emploi et un salaire correct, les travailleurs devront se battre sur leur terrain, mettre en avant leurs propres revendications, s’attaquer aux intérêts du capital.