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Dans les entreprises
Centre de tri Maubert-Fontaine : les postiers font reculer la direction
Les agents du centre de tri de Maubert-Fontaine, dans les Ardennes, se sont opposés à la énième réorganisation que voulait leur imposer la direction : un allongement de leurs tournées, des colis et des plis supplémentaires alors que le personnel est déjà insuffisant depuis plusieurs années.
Harassés et las du mépris permanent de la direction, ils ont profité d’un appel national pour partir en grève mardi 22 juin, et ont décidé de la prolonger pour revendiquer l’arrêt immédiat de la réorganisation, l’embauche des CDD et des intérimaires ainsi qu’une prime.
Pour certains, c’était la première grève depuis 30 ans. Durant huit jours, ils se sont organisés dans les assemblées générales quotidiennes, pour tenir le piquet de grève, désigner des détachements de grévistes pour aller s’adresser aux agents des autres centres de tri, tirer par leurs propres moyens des tracts à destination de leurs collègues et des usagers.
Conscients de la politique générale de La Poste pour supprimer des postes, alourdir la charge de travail, ils savaient que le rapport de force devait se construire au-delà de leur site. Ils ont été rapidement rejoints par d’autres grévistes de Revin et de Givet.
Ils se sont également adressés aux usagers qui ont pu apporter leur soutien moral et financier à leur mobilisation. En revendiquant des embauches, les postiers défendent non seulement leurs conditions de travail mais aussi la création d’emplois dans des villes fortement touchées par le chômage.
La direction, quant à elle, espérait éteindre l’incendie en proposant rapidement une prime de 250 euros, proposition rejetée unanimement. Elle a alors déplacé les colis et le courrier sur un autre centre. Cela n’a pas démoralisé les travailleurs, qui ont continué à inviter les agents des autres sites à rejoindre le mouvement et ont mis en place une caisse de grève.
Au bout d’une semaine, la direction a finalement dû recevoir une délégation pour négocier, n’acceptant au départ que les représentants syndicaux. L’assemblée des grévistes a réussi à imposer trois de ses représentants, syndiqués ou non.
La direction a dû reculer provisoirement sur son projet de réorganisation, repoussé à octobre. Elle a promis d’associer les agents à cette nouvelle réorganisation. Elle a dû concéder le paiement d’une journée de grève, ainsi qu’une prime de 500 euros versée en septembre mais à condition d’avoir écoulé le trafic durant l’été.
Si les postiers ne sont pas parvenus à imposer leurs revendications, notamment l’embauche de leurs collègues précaires, cette victoire est surtout morale. Ils ont prouvé qu’ils étaient capables de résister, de s’organiser et de décider collectivement leurs revendications et leurs actions. Cette grève pose le premier jalon pour imposer les embauches indispensables.