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- Lutte ouvrière n°2761
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Leur société
RN : le poison réactionnaire demeure
Le journal Le Monde daté du 27 juin titrait sur « la défaite du Rassemblement national ». Ainsi, ajoutait Le Monde, la « déroute du Rassemblement national (RN) au premier tour des élections régionales s’est clairement confirmée au second : le parti d’extrême droite n’a pas emporté la moindre région ».
Le Parisien lui emboîtait le pas, insistant sur l’échec. « Le RN rate encore la marche », titrait-il. Tous les journalistes ou commentateurs qui ne raisonnent qu’au travers de pourcentages électoraux ont en fait entonné le même refrain.
Pour les cadres du RN, la baisse de son score électoral est évidemment une déception. Comme tous les politiciens, ils cherchent avant tout à obtenir des postes. Certains s’étaient même reconvertis récemment, dans l’espoir d’y accéder plus facilement. Et, pour les présidentielles, Marine Le Pen doit maintenant réussir à retrouver son électorat.
Mais si les scores du RN sont en baisse, cette baisse est malheureusement d’abord relative. Le candidat du RN dans les Hauts-de-France, Chenu, obtient au second tour 25,65 % des suffrages exprimés. 346 919 électeurs se sont déplacés pour marquer leur soutien aux idées qu’il défend. Et, surtout, celles-ci sont défendues très largement, bien au-delà du RN, par nombre de représentants politiques. Faut-il rappeler la campagne de Macron contre le « séparatisme », les sorties sur les prétendus dangers de « l’islamo-gauchisme » de Blanquer et la stigmatisation générale des populations qualifiées de musulmanes ? La campagne sécuritaire a été l’axe de tous les ténors de la droite, et les dirigeants des partis de gauche n’ont pas été en retard sur celle-ci. Il faut rappeler que, tout comme le représentant des Verts, Yannick Jadot, le secrétaire national du Parti communiste et futur candidat à la présidentielle, Fabien Roussel, a été présent aux côtés des policiers durant une manifestation inspirée par l’extrême droite. Le nationalisme est distillé au travers du « produire français », présenté comme une solution au chômage. Tous ces préjugés qui divisent la classe ouvrière et l’affaiblissent, car ils la détournent des vrais responsables de la crise, continuent largement à se répandre.
Parmi celles et ceux qui sont conscients du danger que représentent les idées d’extrême droite, beaucoup éprouvent un soulagement après la baisse des résultats du RN. Mais se contenter de l’aspect électoral risque d’empêcher de voir la situation réelle. Le poison de ces idées s’est répandu plus qu’il n’y paraît, et il faut continuer de le combattre dans les usines, dans les quartiers et les cités populaires. Au-delà du terrain électoral, la question posée est celle de cette société en crise et des perspectives pour les classes populaires. Aux dérivatifs qu’offrent les tenants des idées réactionnaires, il faut opposer la dénonciation du système capitaliste comme responsable du chômage et de la misère, la perspective d’un changement révolutionnaire de la société, et la nécessité pour la classe ouvrière de défendre ses intérêts de classe.
Face à ceux qui spéculent sur le désespoir des masses, c’est la seule voie qui peut ouvrir un espoir.