- Accueil
- Lutte ouvrière n°2761
- Reprise économique : de quoi et pour qui ?
Leur société
Reprise économique : de quoi et pour qui ?
Les ministres et leur chœur médiatique annoncent tous les jours la fin de la crise économique consécutive à l’épidémie. Et d’avancer des chiffres démontrant que le chômage diminue, que la consommation reprend et que la fête commence. Mais, bizarrement, ces flonflons n’ont guère d’échos dans les quartiers populaires.
Et pour cause. Si les statistiques officielles annoncent que 134 000 chômeurs de catégorie A, ceux qui n’ont pas du tout travaillé dans le mois, ont retrouvé un emploi en mai, elles précisent aussi qu’il en reste 3,73 millions, soit 245 000 de plus qu’avant le début de la pandémie. Dans la même période, 40 000 personnes de plus sont entrées dans la catégorie B (moins de 78 heures travaillées dans le mois) et 54 000 dans la catégorie C (temps partiel subi de plus de 78 heures par mois). Autrement dit, le travail retrouvé est un temps partiel subi et il y a évidemment toutes les chances pour qu’il s’agisse d’un contrat court.
Les patrons, qui estiment rentable d’augmenter certaines de leurs productions, commencent en effet par faire pression sur les travailleurs, sans embaucher, avant de recourir éventuellement aux contrats précaires et à l’intérim. Un seul et même secteur, l’automobile par exemple, peut voir à la fois des suppressions de postes par milliers et des heures supplémentaires jusqu’à épuisement. Comme avant la pandémie, et pour les mêmes raisons, le secteur du luxe tourne à plein régime. C’est de ce côté que partiront les 142 milliards d’euros non dépensés par les bourgeois, surtout les grands, pendant la pandémie.
Quant à la masse des travailleurs et des familles ouvrières, ceux qui, loin d’avoir fait des économies pendant la pandémie, en ont cruellement souffert, ils ne verront la reprise qu’à la télévision, si du moins ils regardent encore les actualités. Salaires bloqués et surtravail pour les uns, précarité et course au job pour les autres, allocations diminuées, retraite reculée, services publics sacrifiés : la reprise ressemble comme deux gouttes d’eau à la crise.
Dans les sphères gouvernementales et patronales, on tient pourtant à assurer le retour de la prospérité. Qu’à cela ne tienne, les travailleurs doivent exiger qu’elle se traduise en salaires et en emplois.