Île de la Réunion : ‘‘la route la plus chère du monde’’16/06/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/06/2759.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Élections régionales

Île de la Réunion : ‘‘la route la plus chère du monde’’

À La Réunion, Jean-Yves Payet, tête de la liste Lutte ouvrière, a participé aux deux grands débats télévisés du premier tour des régionales et a répondu aux questions de la presse et des associations. Parmi les sujets les plus discutés : les transports, le pouvoir d’achat et la « gouvernance ».

En 2010, l’actuel président du conseil régional, Didier Robert, succédait à Paul Vergès et abandonnait le projet phare de ce dernier visant à désengorger l’île : le tram-train. Robert lui préférait le projet titanesque de doubler la dangereuse route du littoral, reliant le nord à l’ouest, par une route en mer, la Nouvelle route du littoral (NRL), composée d’un viaduc de 5,4 km et d’une digue de 6,9 km.

Onze ans plus tard, au prix de peut-être deux milliards d’euros, la route la plus chère du monde est une demi-route, et une déroute pour le conseil régional. Le viaduc a été livré en mars sans tambour ni trompette, car il ne sert à rien, n’étant raccordé à rien. Il manque des matériaux, et personne ne sait s’il faut une digue ou un nouveau viaduc. La question est donc : faut-il et comment finir la NRL, dont le coût est déjà de 160 millions le kilomètre ? Jean- Yves Payet a constaté sur Réunion-La Première, le 10 juin : « La NRL est un symbole de l’incurie de ce système. On n’a pas fait la route du littoral pour les besoins de la population, mais pour servir les petits copains et les grands groupes (Bouygues, Vinci...). Ce choix a été fait sous la pression du lobby tout-voiture. Comment explique-t-on aux travailleurs, aux chômeurs que le prix de la tonne de roche dépassait le prix de la tonne de canne, à un moment donné, si ce n’est pas pour arroser les petits copains (transporteurs) ? Comment explique-t-on que, parce qu’il y a un manque de roches, on fouille des trous de 3 à 4 mètres de profondeur dans des champs de canne à Saint-André, on rebouche les trous avec des déchets verts et les agriculteurs ne pourront pas exploiter leur terrain dans six mois ou un an. Voilà à quoi mène la recherche du profit. »

L’île est en coma circulatoire, les automobilistes passent entre 1 h 30 et trois heures par jour dans les embouteillages. Le 15 juin, sur JIR, Jean-Yves Payet a dénoncé : « Le développement du parc automobile en lieu et place des transports en commun est une calamité pour la population, qui perd une grande partie de son temps, de sa santé et de son argent dans les embouteillages.

C’est un scandale permanent qui découle du mépris des dirigeants à l’égard des premiers de corvée, bien obligés d’en passer par là pour se rendre au travail. »

Mais surtout, avec plus de 130 000 chômeurs, environ 30 % de la population active, et un taux de pauvreté de 39 %, la question de l’emploi et du pouvoir d’achat est cruciale à La Réunion, comme l’a dénoncé, toujours sur Réunion La Première, le 10 juin, Jean-Yves Payet :

« Certains parlent du pouvoir d’achat, mais apparemment ils ne savent pas ce que c’est un travailleur qui part le matin sans avoir dix euros dans sa poche pour acheter une barquette à midi. Augmenter le pouvoir d’achat, c’est justement faire qu’il puisse acheter sa barquette, que le restaurateur puisse fonctionner, pour qu’ensuite le petit agriculteur puisse vendre, etc. Pour nous, l’économie c’est ça. Ce n’est pas distribuer des subventions aux grandes entreprises. » « Qu’on m’explique : il n’y a pas un euro, c’est même interdit d’aider un petit agriculteur en difficulté, tandis que pendant ce temps tous les hommes politiques ont fait voter les 28 millions supplémentaires à Tereos. »

Perquisitions, condamnations, appels : les hommes politiques de droite ou de gauche font souvent la une de la chronique judiciaire, sans que cela semble beaucoup les émouvoir. À la question de « l’éthique, des valeurs et de la transparence » pour gouverner la région ou toute autre collectivité, ils étalent sans ciller de bonnes résolutions. Le premier visé est le président sortant, condamné il y a quelques semaines, et qui a fait appel : « Un travailleur soupçonné, il est licencié. Un élu condamné, il est candidat », s’est indigné Jean-Yves Payet sur Antenne Réunion, le 14 juin.

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