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Leur société
Dieselgate : trucages sans frontières
Le 8 juin, Renault a été mis en examen pour tromperie, après cinq ans d’enquête dans l’affaire du Dieselgate. Deux jours plus tard, c’était le tour de Peugeot-Citroën. Le scandale des moteurs truqués n’est pas limité à Volkswagen, comme c’était évident depuis bien longtemps.
Il est vrai que c’est chez Volkswagen, en 2015, que le trucage a été découvert en premier. Il consistait à minimiser les émissions polluantes au moment de l’homologation d’un véhicule : non polluante lors des tests, la voiture le redevenait sur route. La firme allemande reconnut la tricherie sur 11 millions de véhicules, qui lui permettait de dissimuler des émissions polluantes dépassant parfois jusqu’à 40 fois la norme en vigueur. Entre les indemnisations des propriétaires lésés, les rappels de voitures pour modification, les amendes, la facture s’est déjà élevée à 30 milliards d’euros, pour le moment essentiellement aux États-Unis, un marché dont Volkswagen ne voulait surtout pas être exclue.
En Europe, les investigations ont continué, aussi bien sur Volkswagen, mis en examen le 6 mai, que sur Renault et les entreprises du groupe Stellantis : PSA ( Peugeot, Citroën) et Fiat-Chrysler, qui ont fait tout ce qu’elles pouvaient auprès de la Cour européenne de justice pour retarder le moment de leur mise en examen.
Ils se disent tous innocents. Volkswagen réfute tout préjudice pour les consommateurs français. PSA et Renault contestent toute fraude : ils prétendent avoir homologué leurs voitures conformément aux normes en vigueur à l’époque. Renault ajoute que, s’il a utilisé un logiciel capable de bloquer le système de dépollution, ce n’était que dans certaines conditions de température ou de vitesse, pour éviter d’endommager la mécanique ou de mettre en danger le conducteur.
Selon la Direction de la répression des fraudes, 900 000 véhicules Renault seraient concernés, 950 000 pour Volkswagen, et presque le double pour PSA. Elle estime à 5 milliards d’euros l’amende maximale encourue par PSA, et à 3,6 milliards celle pour Renault, tout en précisant que cela pourrait être bien inférieur.
On peut s’attendre à une résistance acharnée de ces groupes et de leurs actionnaires, bien décidés à conserver leurs milliards quoi qu’il en coûte pour la santé publique.