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- Lutte ouvrière n°2757
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Hôpital Saint-Louis – Paris : une pénurie de personnel organisée
Les aides-soignantes embauchées à l’AP-HP voient un attrait dans la possibilité de passer des concours, en particulier celui qui conduit à la formation infirmière.
Certaines ont déjà cette perspective en tête dès l’embauches. D’autres, après des années de travail dans les services, s’en sentent la capacité. Cette année, à l’hôpital Saint-Louis, sans doute un effet de la pandémie, elles étaient trois fois plus nombreuses que d’habitude à avoir passé le concours et une vingtaine à l’avoir réussi. Mais seulement quatre ont obtenu le financement de la formation par l’hôpital. Même le fait d’avoir eu 20/20 n’était pas une garantie, car un autre classement était effectué pour accorder le financement, en fonction de l’absentéisme, des entretiens d’évaluation et de l’appréciation des cadres.
L’information sur le financement a été diffusée tardivement et seulement à quelques jours de la clôture des inscriptions à l’IFSI (Institut de formation en soins infirmiers). Ne pas obtenir le financement par l’hôpital signifie devoir prendre un crédit pour payer les 24 000 euros de la formation, et trouver comment vivre sans salaire pendant trois ans. C’est de fait impossible pour celles qui sont chargées de famille.
Alors qu’il manque des dizaines de postes infirmiers sur l’hôpital, les aides-soignantes l’ont en travers de la gorge. Se sentant bloquées dans leur métier, elles ont rédigé une pétition qu’elles ont fait circuler dans les services.
De leur côté, les jeunes infirmières diplômées, qui ne connaissaient pas l’hôpital avant, sont nombreuses à le quitter rapidement. Ce n’est pas pour autant que les aides-soignantes qui veulent suivre la formation puissent le faire, même si elles restent à l’hôpital.
La direction s’est sentie obligée d’organiser une réunion d’information pour dire qu’elle n’avait pas d’argent pour financer plus de formations. Elle a promis qu’en tout et pour tout celles qui avaient réussi le concours n’auraient pas à le repasser et pouvaient préparer un nouveau dossier de financement pour l’an prochain. En ajoutant toutefois qu’elles ne seraient pas prioritaires. Quant à augmenter le nombre des financements, le DRH ne s’est pas engagé, la formation durant trois ans et lui-même ne sachant pas s’il y aurait encore des postes infirmiers à pourvoir d’ici là.
C’est la direction de l’AP-HP elle-même qui produit le sous-effectif pour mettre la pression sur le personnel, et qui laisse les conditions de travail se dégrader. Alors, prétendre que l’hémorragie d’infirmiers puisse se résorber comme par enchantement est une véritable provocation.