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- Lutte ouvrière n°2753
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Leur société
Déjà en 1961...
La ministre des Armées, Florence Parly, et le général Lecointre ont menacé de radier des cadres les officiers en retraite initiateurs du texte-pétition publié dans l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles et de sanctionner les militaires d’active signataires.
Pour mesurer ce que valent ces paroles, on peut rappeler l’indulgence qu’avait eue la République pour les généraux Salan, Zeller, Challe et Jouhaud, organisateurs du putsch, lui bien réel, d’avril 1961 à Alger contre de Gaulle. Après son échec, Zeller et Challe se rendirent très vite ; les généraux Salan et Jouhaud fondèrent l’Organisation armée secrète, l’OAS, qui pratiqua des attentats en Algérie et en France, tuant des milliers d’Algériens et d’Européens. L’OAS exécuta le chef de la Sûreté en Algérie, le commissaire Roger Gavoury, et organisa un attentat contre de Gaulle. C’était quand même une tout autre menace pour le gouvernement en place qu’une pétition relayée par l’extrême droite.
Salan et Jouhaud finirent par être arrêtés en 1962 et rejoignirent Zeller et Challe en prison. Ce fut pour quelques années seulement : Zeller et Challe furent libérés en 1966, Jouhaud en 1967 et Salan en 1968, quand de Gaulle amnistia le « quarteron de généraux ». En 1982, Mitterrand rétablit dans leurs droits les officiers putschistes de 1961, dont Salan et Jouhaud – Challe et Zeller étant morts quelques années auparavant.