États-Unis : relance pour les capitalistes, salaire minimum gelé pour les travailleurs17/03/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/03/2746.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : relance pour les capitalistes, salaire minimum gelé pour les travailleurs

La nouvelle administration démocrate de Biden vient de réussir à faire adopter par le Sénat sa première loi d’importance : le financement d’un plan de relance économique.

Cela n’avait rien d’évident, car démocrates et républicains sont à égalité dans le Sénat récemment élu, où seule la vice-présidente Kamala Harris donne aux démocrates une majorité d’une voix. Le vote des sénateurs a été aisément confirmé par la Chambre des représentants, que les démocrates contrôlent.

Le plan de relance va mobiliser 1 900 milliards de dollars, somme représentant 10 % du PIB annuel des États-Unis. Cette énorme béquille étatique à une économie capitaliste en crise va-t-elle la sortir vraiment du marasme ? Rien n’est moins sûr, car c’est déjà le troisième plan mis en œuvre en un an. En mars 2020, sous Trump et avec l’approbation commune des élus républicains et démocrates, le premier plan avait injecté 2 200 milliards, en fait le double, dans l’économie. En décembre dernier, dans la période de transition entre Trump et Biden, 900 milliards supplémentaires y avaient été ajoutés

Les mesures mises en avant par la Maison-Blanche sont les aides directes aux ménages et aux chômeurs. Toutefois le coup de pouce fédéral aux allocations chômage locales, qui sont notoirement insuffisantes pour vivre, se réduit à 300 dollars par semaine au lieu de 600, puis a été de 400 lors des plans de relance de 2020. Ces aides ont juste permis à certains travailleurs de ne pas couler à pic mais, dans ce pays riche, plus de 50 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire pour survivre.

Les véritables bénéficiaires des précédents plans de relance sont les bourgeois américains. D’autant plus que, parallèlement au gouvernement, la banque centrale, la Fed, a procédé à l’injection massive d’argent dans les circuits financiers. Le Washington Post, journal appartenant au milliardaire Jeff Bezos, qui a vu sa fortune s’accroître grandement en 2020, a lui-même estimé que 80 % de l’argent public mobilisé l’avait été au bénéfice des couches les plus riches de la société. Les 43 000 personnes les plus riches du pays ont bénéficié de réductions d’impôt de 1,6 million de dollars en moyenne, un millier de fois plus que ce qu’ont touché les Américains moyens.

Au cours du processus législatif menant au vote du plan de relance, le président a abandonné l’augmentation du salaire minimum, qui était pourtant une de ses promesses de campagne. Pour accroître ses chances d’être élu face au démagogue ­Trump, Biden avait lui-même fait assaut de démagogie en parlant de doubler le salaire minimum fédéral, qui est ridiculement bas, 7,25 dollars de l’heure, soit 6,10 euros. ­Biden semblait ainsi reprendre à son compte une campagne syndicale militante pour que ce minimum soit porté à 15 dollars de l’heure. Ces dernières années, d’importantes grèves ont été menées sur cet objectif, obligeant parfois de grandes entreprises de la restauration ou des services à concéder des augmentations.

En tenant compte de l’inflation, le demi-million de travailleurs actuellement payés au salaire minimum fédéral gagnent aussi peu que dans les années 1950. De plus, 1,3 million de salariés sont encore moins bien payés, ayant moins de 20 ans ou travaillant dans l’agriculture. On estime que, si le salaire minimum passait à 15 dollars de l’heure, une trentaine de millions de travailleurs verraient ainsi leur situation s’améliorer.

La dernière, très légère, augmentation du salaire minimum date de 2009, première année du premier mandat d’Obama. Il est resté bloqué depuis, au fil des sept années de présidence démocrate, avec Biden à la vice-présidence jusqu’en 2016, et des quatre années de celle du républicain Trump.

Sans surprise, une fois installé à la Maison-Blanche, Biden tourne le dos aux aspirations de ceux des travailleurs qui ont voté pour lui, tout comme Obama et Trump avaient fait avant lui.

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