- Accueil
- Lutte ouvrière n°2743
- Procès de Farida : il faut la relaxe totale !
Leur société
Procès de Farida : il faut la relaxe totale !
Le procès de Farida C., infirmière à l’hôpital de Villejuif, dans le Val-de-Marne, accusée de violence et outrage contre des policiers en tenue de combat lors d’une manifestation des soignants en juin 2020, s’est tenu le 22 février à Paris. Le verdict sera rendu le 3 mai.
Le 16 juin, Farida manifestait avec des milliers d’autres soignants pour réclamer que les promesses de Macron au personnel hospitalier soient tenues. Révoltée par le mépris affiché par le gouvernement, bien plus prompt à faire donner sa police contre les manifestants qu’à embaucher et revaloriser les salaires dans les hôpitaux, Farida avait exprimé sa colère. Elle avait lancé un morceau de bitume en direction des policiers, après leur avoir fait un doigt d’honneur. Arrêtée brutalement, jetée à terre, tirée par les cheveux et placée en garde-à-vue pour ces gestes, c’est elle qui a été traînée devant le tribunal où elle risquait jusqu’à trois ans de prison pour outrage, violence et rébellion.
Lors de l’audience, Farida a raconté les mois qui ont précédé cette manifestation : la moitié des patients de son service de gériatrie décédés du Covid, le manque permanent de personnel et son épuisement. En jetant ce bitume contre la police, c’est l’État qu’elle visait, a-t-elle déclaré : « Les doigts d’honneur sont ceux que l’État nous fait depuis vingt ans. » Depuis la pandémie qui a mis en lumière la misère des hôpitaux, la situation ne s’est pas améliorée, elle a au contraire empiré.
Face aux nombreux soutiens obtenus par Farida, parmi ses proches, ses collègues venus en blouse blanche ou des militants politiques et syndicaux, devant son témoignage sur les conditions de travail à l’hôpital, la procureure, représentante de l’État, en a un peu rabattu. Elle a abandonné l’accusation de rébellion, tout en réclamant deux mois de prison avec sursis, « un avertissement pour avoir menacé la police ». Et elle a osé sermonner Farida en lui demandant si « elle pouvait imaginer les conditions de travail des policiers » !
Les conditions de travail, dans les hôpitaux comme ailleurs, l’État et ses représentants les dégradent méthodiquement. Parfaitement conscients que cette politique provoquera immanquablement de la colère et de la révolte, c’est la police qu’ils soignent. En cherchant à interdire que passants et journalistes filment les policiers, en encourageant systématiquement ces derniers à porter plainte pour outrage et rébellion, commissaires, ministres et procureurs cherchent à faire peur pour museler toute contestation. L’affaire Farida C. montre qu’ils ne réussiront pas.