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Égypte : des soignants derrière les barreaux
Début février, trois médecins égyptiens emprisonnés par le régime du maréchal al-Sissi ont été libérés après une campagne de protestation d’Amnesty International.
Ces médecins font partie des huit soignants arrêtés entre mars et juin 2020, accusés de terrorisme pour avoir dénoncé leurs conditions de travail dangereuses, la pénurie de matériel de protection et de dépistage, ou l’insuffisante formation à la prévention de l’infection au coronavirus. Les chiffres sanitaires catastrophiques leur ont depuis donné raison : selon le syndicat égyptien des médecins, au moins 68 professionnels de santé sont morts du Covid et plus de 400 ont été testés positifs depuis le début de l’épidémie.
En Égypte, les arrestations de soignants n’ont pas commencé avec l’épidémie. En septembre 2019, cinq médecins avaient déjà été arrêtés pour avoir lancé la campagne Médecins égyptiens en colère, qui alertait sur l’état catastrophique du système de santé. L’un d’eux est toujours incarcéré.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2013, le régime militaire d’al-Sissi traque et fait taire la moindre voix critique, d’où qu’elle vienne. D’après Amnesty International, au moins 60 000 prisonniers politiques croupissent en prison. En octobre et novembre 2020, 57 hommes et femmes ont été mis à mort par le régime, soit près d’une exécution par jour.
Un dictateur sanguinaire, qui n’hésite pas même en pleine épidémie à envoyer en prison des soignants consciencieux mais aussi des milliers d’autres opposants : voilà quel individu Macron a nommé grand-croix de la Légion d’honneur à l’occasion d’un dîner d’État à l’Élysée, le 7 décembre dernier. On voit quels mérites le président français apprécie.