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Yémen : les discours de Biden ne réparent pas les dégâts
« Nous renforçons nos efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre au Yémen », a déclaré le nouveau président américain, Joe Biden, le 4 février dernier.
Il a ajouté : « Nous mettons fin à tout soutien américain aux opérations offensives, y compris aux ventes d’armes. » Le lendemain, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, annonçait son intention de retirer les houthistes, ces milices que l’Arabie saoudite combat au Yémen, de la liste des groupes considérés comme terroristes par Washington.
La guerre dure dans ce pays depuis six ans. L’offensive baptisée Tempête décisive visait à rétablir le pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi, renversé par la rébellion houthiste le 21 septembre 2014. Le déclenchement de cette guerre fut approuvé par la résolution 2 216 du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, adoptée le 14 avril 2015, autrement dit par tous les pays impérialistes.
L’Arabie saoudite, qui a toujours considéré le Yémen, avec lequel elle a une frontière longue de 1 458 kilomètres, comme sa chasse gardée, se vit donc décerner un blanc-seing pour bombarder, contrôler les entrées et les sorties du Yémen et mettre en place une forme de blocus, qui favorisa ce que les ONG ont décrit comme « la pire crise humanitaire depuis des décennies ». L’ONU estime aujourd’hui à 250 000 le nombre de victimes des combats et de la catastrophe humanitaire. Cinq millions de Yéménites ont été déplacés et les trois quarts des 30 millions d’habitants sont au bord de la famine.
Biden cherche à se distinguer de son prédécesseur et, pour le moment, cela se limite à des discours. Peut-être les déclarations actuelles annoncent-elles des changements, car l’instabilité grandissante, dans cette région du monde qui jouxte les grandes voies maritimes empruntées par le commerce international, a de quoi inquiéter les dirigeants américains. Mais ce n’est même pas sûr. Biden ne compte pas retirer son soutien au régime saoudien, un des principaux alliés de l’impérialisme dans la région, ni même menacer les profits des industriels de l’armement. Comme l’assurait d’ailleurs un responsable américain cité par l’Agence France-Presse, il ne s’agit que de « faire en sorte que les ventes d’armes par les États-Unis répondent à nos objectifs stratégiques ».
De Trump à Biden il y aura peut-être des différences, mais surtout et d’abord des continuités imposées par la défense des intérêts de l’impérialisme.