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Leur société
Logement : une crise permanente, qui s’aggrave
Le rapport annuel de la fondation Abbé-Pierre publié le 2 février atteste que, derrière le paravent de la crise sanitaire, la crise du logement, qui est loin d’être une nouveauté, connaît un coup d’accélérateur.
« Qu’avons-nous appris de la crise sanitaire ? », s’interrogent les auteurs du rapport. « Rien que nous ne sachions déjà, […] tant nos précédents rapports sur l’état du mal-logement ont souligné l’isolement des personnes sans domicile, les effets délétères du surpeuplement, le cercle vicieux entre problèmes de santé et de logement. » L’épidémie et sa gestion mettent au grand jour « le caractère violent, injuste ou fragile » de la situation vécue par une partie croissante de la population victime de la crise économique. Quant au confinement, « il a souligné jusqu’à l’absurde que pour rester chez soi, il faut un chez-soi ».
Aujourd’hui, quelque 300 000 hommes, femmes et enfants sont sans domicile personnel, un nombre multiplié par deux depuis 2012 et par trois depuis 2001. Quand les mesures de chômage partiel et de trêve des expulsions locatives prendront fin, il faut s’attendre à une montée fulgurante de la pauvreté, avec une nouvelle cohorte de sans-logis. Déjà, alors que les associations caritatives déploient des efforts pour répondre aux nouvelles situations de détresse sociale, certains bénévoles ont connu des situations d’épuisement proches de celle des travailleurs de la santé. La fondation Abbé-Pierre, spécialisée jusque-là dans l’aide aux sans-logis et aux personnes logées dans des conditions calamiteuses, a été amenée à intervenir dans d’autres domaines, comme la distribution des repas.
Dans ce domaine du logement, une partie importante de la classe ouvrière connaît maintenant des conditions d’existence des plus fragiles. Il en va ainsi des ouvriers mis à la porte de leur travail alors qu’ils ont pris de l’âge, comme des jeunes privés de ressources, contraints de rester ou de retourner chez leurs parents dans bien des cas, quand ce n’est pas restant sans domicile, pour les autres. Ils sont désormais rejoints par des autoentrepreneurs, des artisans et des salariés qui n’avaient jamais connu ni même imaginé devoir s’adresser à des organismes sociaux destinés aux pauvres.
Comme l’écrivait déjà en 1872 Engels, fondateur au côté de Marx du socialisme scientifique : « Aussi longtemps que subsistera le mode de production capitaliste, ce sera folie de vouloir résoudre isolément la question du logement ou toute autre question sociale concernant le sort de l’ouvrier. La solution réside dans l’abolition de ce mode de production, dans l’appropriation par la classe ouvrière elle-même de tous les moyens de production et d’existence. »