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- Lutte ouvrière n°2740
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Dans les entreprises
Nos lecteurs écrivent SPR : le patron montre son vrai visage
J’ai travaillé pendant 26 ans à la SPR, une petite entreprise de la région tourangelle qui fabrique des ressorts pour l’industrie automobile et aéronautique et qui appartient à un groupe possédant trois autres entreprises. Nous n’étions plus que 18 dans l’entreprise.
En juillet, on nous a annoncé par courrier qu’un plan de restructuration était en cours de préparation. Depuis plus rien. Nous savions seulement que trois d’entre nous seraient reclassés dans l’usine d’Issoudun. Ceux qui sont proches de la retraite espéraient que ça dure encore quelques mois pour gagner quelques trimestres. Les autres cherchaient du travail ailleurs. Juste avant les congés de fin d’année, après des mois sans nouvelles, on a appris que l’usine fermerait le 21 janvier.
En nous retrouvant le lundi 4 janvier, on savait qu’on n’avait plus que quelques jours à la boîte. On a accroché des pancartes à la grille pour dénoncer les licenciements. On les remettait quand elles avaient été arrachées. Est-ce que ce sont ces pancartes qui les ont inquiétés ? Toujours est-il que le jeudi 7 janvier à la débauche, une représentante de la direction nous attendait à la pointeuse et nous annonçait qu’il ne fallait pas revenir le lendemain. On ne pouvait même pas récupérer des affaires personnelles restées dans le vestiaire… C’était interdit !
Jusque-là, c’est la résignation qui dominait, certains trouvant même des excuses au patron dans la situation actuelle : la crise sanitaire, les « difficultés » dans l’aéronautique. Mais cette manière de se débarrasser de nous a choqué tout le monde. On ne s’est pas laissé faire, on est retournés dans l’usine récupérer nos affaires.
Depuis, quand nous nous retrouvons pour les démarches administratives, l’ambiance n’est plus la même. Bien sûr, nous sommes virés, et ça va être la galère. Mais ça a été une leçon sur ce que les patrons sont capables de faire, sur le fait qu’il n’y a aucun cadeau à en attendre et qu’il faut se serrer les coudes entre travailleurs.