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Australie : une fête nationale sous le signe de la contestation
Chaque 26 janvier, la fête nationale, ou Jour de l’Australie, donne lieu à une série de manifestations pour dénoncer ce que nombre d’Australiens considèrent comme une véritable insulte et une provocation.
Cette année, elles ont été particulièrement suivies par des milliers de personnes dans chacune des grandes villes du pays.
Beaucoup de très jeunes notamment refusent d’être assimilés à la politique de l’« Australie blanche » qui a longtemps prévalu. Ils sont choqués par la façon dont les gouvernements successifs ont traité les peuples premiers, mais aussi aujourd’hui les migrants qui cherchent à trouver un refuge en Australie et sont systématiquement refoulés ou parqués dans des camps d’internement.
Cette date de fête nationale correspond à l’arrivée des premiers colons britanniques, essentiellement des condamnés de droit commun, près de l’actuelle Sydney, en 1788. Pour les populations natives de l’île, les Aborigènes l’ayant peuplée il y a plus de cinquante mille ans, elle reste synonyme d’expropriations, de massacres et des injustices dont elles ont été victimes durant toute une période historique. La colonisation de cette île-continent par la puissance coloniale britannique, qui y déporta pendant plus d’un siècle des dizaines de milliers de condamnés, d’orphelins et d’enfants arrachés à leur famille, s’est effectuée en grande partie en dépossédant ses premiers habitants de leurs terres, en les parquant dans des réserves, en enlevant les enfants à leurs parents et en en faisant des citoyens de seconde zone.
Aujourd’hui encore, les communautés aborigènes comptent parmi les fractions les plus pauvres de la population. Elles connaissent un accès plus difficile à l’éducation, à des logements décents et subissent un chômage trois fois plus élevé. Bien qu’ils ne représentent plus que 2,5 % de la population de l’Australie, les Aborigènes constituent 28 % des personnes incarcérées. Les injustices frappent en premier lieu les jeunes dont la majorité pénale est fixée à 10 ans.
À cette « journée de bonheur absolu dans ce pays béni », vantée par exemple par la chaîne de télévision Sky News, les manifestants opposent donc ce qu’ils nomment le « jour de l’invasion » par le colonialisme britannique. À Brisbane, ils brandissaient par exemple des pancartes où on pouvait lire : « Le génocide [des Aborigènes] n’est pas une fierté », « Pas de paix sans justice ».
Une partie des organisations de gauche et des associations réclament qu’une autre date soit choisie pour ce Jour de l’Australie. Mais changer de date ne changera rien au sort des plus pauvres ni à la politique de l’État fédéral. La question n’est pas celle de refonder une fausse unité nationale mais de faire valoir les intérêts des exploités.