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Beauvau de la sécurité : aux petits soins pour la police
Le 25 janvier, le ministre de l’Intérieur, Darmanin, a lancé le Beauvau de la sécurité. À l’entendre, le but de cette série de consultations serait de consolider les rapports entre la police et la population.
En fait, l’initiative est venue après que, en novembre dernier, le tabassage d’un homme noir à Paris a soulevé une large indignation contre le racisme policier. Macron, qui jusque-là avait refusé d’employer le terme de « violences policières », avait dû reconnaître qu’elles existent et font des victimes.
Ces quelques mots présidentiels ont suffi pour que des syndicats policiers y voient un lâchage et refusent, dans un premier temps, de participer au Beauvau. Darmanin s’est alors empressé de leur concéder que les discussions au ministère porteraient aussi sur le durcissement pénal à l’encontre des agresseurs de policiers.
Il est significatif que la première séance du Beauvau ait été une discussion entre Darmanin et les syndicats policiers et représentants des gendarmes.
En quelques semaines, les manoeuvres gouvernementales ont donc transformé les agresseurs en victimes et la réponse à des violences racistes de la police en un exercice de séduction de la frange la plus brutale et la plus réactionnaire de celle-ci, représentée par certains syndicats.
Le ministre a déjà dévoilé une partie de ses projets : plus de crédits pour recruter des policiers, pour leur formation, leur équipement, des mesures que certains affirment nécessaires pour rendre la police moins brutale.
Ce n’est pourtant pas le manque de moyens ou l’absence de « formation républicaine » de la police qui expliquent les innombrables contrôles d’identité au faciès subis par les jeunes des quartiers populaires, ou bien les tirs de LBD qui ont mutilé les gilets jaunes qui manifestaient contre la politique de Macron.
Ces violences ne sont pas seulement le résultat des comportements individuels de brebis galeuses, qui seraient des exceptions ou qui viendraient du manque d’expérience de certains policiers. Dans les quartiers populaires dévastés par la crise, les violences et les incivilités pèsent sur la vie quotidienne. Cette situation ne peut être résolue par les interventions policières. Celles-ci, par leur racisme ordinaire et leur stigmatisation des jeunes, contribuent tout au contraire à son aggravation.
Aucune réforme de la police ne changera cela, et surtout pas cette série de conférences qui n’a comme but que de consolider les liens entre le ministre de l’Intérieur et les cadres de la police.