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Leur société
Enseignement : le virus mute, Blanquer ne change pas
Jeudi 14 janvier, alors que le Premier ministre Castex affirmait que l’heure était à la mobilisation générale contre la pandémie et imposait un couvre-feu à 18 heures, Blanquer annonçait que rien ou presque ne changerait dans l’Éducation nationale.
Il maintenait la jauge de 50 % des effectifs dans les lycées, et envisageait d’appliquer cette règle dans les collèges pour les classes de 3e et de 4e au volontariat, là où cela s’avérerait possible.
Cette règle, qui permet de recevoir un jour une moitié des effectifs et le jour suivant l’autre moitié, a été imposée par la mobilisation des enseignants et des élèves après les vacances de la Toussaint. Elle n’émane en rien du ministre, pas plus qu’une grande partie du protocole sanitaire mis en place dans les établissements.
C’est un pis-aller, parce que cela revient à assurer la moitié des cours à des élèves qui perdent nombre d’heures d’enseignement. À cela s’ajoutent les enseignants ou les agents d’entretien malades non remplacés. La situation scolaire se dégrade donc partout. Dans le primaire, quand les instituteurs sont malades, faute de remplaçants, on oblige leurs collègues à accueillir les enfants des classes concernées dans des classes déjà surchargées, sans tenir compte bien sûr ni de l’effet sur la pédagogie, ni de la distanciation sociale.
Pourtant, le ministre et les recteurs ont eu une année entière pour réfléchir à la manière de maintenir les enseignements dans des conditions sanitaires acceptables. On aurait dû dédoubler toutes les classes, en réquisitionnant des lieux, des bureaux vides ou des gymnases. Il aurait fallu mobiliser des étudiants pour assurer l’étude ou des cours, des agents d’entretien pour désinfecter les locaux, assurer la cantine dans des conditions correctes. Mais, pour planifier cela, il aurait fallu y mettre les moyens. Et, comme pour les hôpitaux, l’État n’a pas lâché un centime pour l’école. Les centaines de milliards sont pour le patronat.
Pire, aujourd’hui, le ministre fait de nécessité vertu et prétend renforcer le protocole sanitaire, au mieux en allongeant ou multipliant les services dans les cantines, au pire en donnant des paniers-repas froids aux enfants, ou carrément en supprimant le service. Pour nombre d’enfants des milieux populaires, le repas de la cantine est le seul repas équilibré de la journée. C’est une nouvelle fois une dégradation des conditions de vie et d’étude pour les plus pauvres, que le gouvernement entérine sans honte.
C’est dans ce contexte que plusieurs syndicats de l’Éducation nationale appellent à la grève mardi 26 janvier, contre les restrictions de moyens et un budget toujours aussi insuffisant.