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Leur société
Le service national universel : militarisme à haute dose
Après deux ans d’expérimentation du service national universel, les inscriptions sont largement ouvertes depuis le 11 janvier pour la session 2021, qui devrait accueillir 25 000 jeunes.
Voulu par Macron, qui en avait fait un des thèmes de sa campagne électorale, ce service se veut « un projet d’émancipation de la jeunesse par la transmission d’un socle républicain, un renforcement de la cohésion nationale et une culture de l’engagement », mots qui doivent aller droit au cœur des nostalgiques de l’ancien service militaire. Il s’adresse aux jeunes de 15 à 17 ans et, si le recrutement se fait pour l’instant encore au volontariat, il deviendra obligatoire dès 2022-2023 pour tous ceux ayant atteint leurs 16 ans, soit environ 800 000 personnes par classe d’âge. Des sanctions sont prévues pour les jeunes cherchant à y échapper : ils n’auront pas accès à certains diplômes, ni au permis de conduire ou aux concours administratifs.
Ce service national universel comporte trois étapes, dont deux obligatoires. La première, d’une durée de deux semaines, est une expérience de vie collective où, encadrés par des militaires et des éducateurs, les jeunes ont à subir des leçons de morale sur « l’esprit républicain » en même temps qu’ils font des exercices physiques tels que des parcours d’obstacles ou l’apprentissage de l’autodéfense. Logés en internat, ils portent un uniforme et assistent chaque matin au lever du drapeau au son de La Marseillaise.
La seconde étape consiste en une mission d’intérêt général de 84 heures faites sur deux semaines consécutives ou étalées dans le temps. La troisième leur ouvre la possibilité d’un engagement volontaire de trois mois pour une mission d’intérêt général dans les domaines de la défense nationale, de la sécurité, du social ou de l’écologie. Mais, pour une pincée d’écologie, il leur faut donc avaler une marmite de nationalisme et de militarisme. En outre, cet engagement ressemble plutôt à une mission d’intérim pour boucher les trous là où la main-d’œuvre fait défaut… sans le salaire qui devrait l’accompagner.
Selon Gabriel Attal qui, en tant que secrétaire d’État, avait porté le projet en 2019, le coût de ce dispositif devrait se situer autour de 1,5 milliard d’euros par an, pris dans sa presque-totalité sur le budget de l’Éducation nationale, pourtant déjà bien insuffisant pour répondre aux besoins de ses élèves.
Quant à « l’engagement » des jeunes, ils n’ont pas besoin de cet ersatz de service militaire pour s’impliquer dans la vie sociale. Il suffit de voir leur nombre qui va croissant lors des manifestations pour la défense de la planète, l’égalité des droits et contre le racisme. Mais là, ils se font refouler à coup de gaz lacrymogène et de matraque par les forces de police et de gendarmerie, sans doute au nom de la « cohésion nationale » et de « l’esprit républicain. »