La vaccination à pas de tortue06/01/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/01/2736.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La vaccination à pas de tortue

Le gouvernement a débuté sa campagne vaccinale le 30 décembre par de belles images télévisées dans des Ehpad, mais il est rapidement apparu que la capacité de vaccination est en fait dérisoire, puisque moins de 500 personnes avaient été vaccinées début janvier.

L’objectif officiel était de parvenir à toucher une centaine d’Ehpad à la mi-janvier, alors qu’il y en a plus de 7 000 en France.

Devant la stupéfaction provoquée par ce démarrage poussif, Macron, dans ses vœux, a affirmé qu’il « ne laisserait pas une lenteur injustifiée s’installer pour de mauvaises raisons ». Olivier Véran, sommé de prendre des mesures, a annoncé qu’il accélérait son plan de vaccination en l’étendant aux soignants de plus de 50 ans, au lieu de le limiter à ceux de plus de 65 ans, aux personnes de plus de 75 ans qui sont à leur domicile et aussi aux pompiers et aux aides à domicile de plus de 50 ans. Avec ces mesures, Véran parle maintenant de cinq millions de personnes qui pourraient être vaccinées d’ici fin janvier… quand le porte-parole du gouvernement parlait d’un million au début de la campagne. De toute façon on en est aux annonces, et on sait quoi en penser avec ce qui s’est passé avec les masques puis les tests.

Tout cela alimente bien sûr la méfiance d’une grande partie de la population, qui comprend parfaitement qu’une fois de plus le gouvernement n’a rien prévu ni en personnel ni en matériel. Véran avait prévu un protocole avec une consultation médicale plusieurs jours avant la vaccination et le maintien des malades au sein des établissements de santé. Aujourd’hui, il serait possible pour toutes les personnes désirant se faire vacciner de s’inscrire et de demander un rendez-vous.

Le ministre annonce aussi vouloir créer 500 à 600 centres de vaccination d’ici fin janvier et demander aux médecins généralistes de vacciner dans leurs cabinets. Mais depuis mars, le déroulement de l’épidémie a clairement montré qu’il n’y avait pas assez de médecins dans les Ehpad et, pour faire fonctionner ces centres de vaccination, il faudra là encore embaucher, sans oublier que des régions entières, rurales notamment, sont de véritables déserts médicaux qui manquent cruellement de médecins généralistes et d’infirmières. Le système de santé publique français est dans un état lamentable. En temps habituel, il n’existe que très peu de structures pratiquant largement des vaccinations. Il faudrait donc en créer de toutes pièces, et ce gouvernement est prodigue en promesses mais avare en personnel et en structures de santé supplémentaires.

C’est déjà sur ces questions qu’avait buté la vaccination contre la grippe H1N1 en 2009. Près de 100 millions de doses avaient été achetées, mais seulement environ 12 millions utilisées. L’accès à la vaccination n’était ni facile ni rassurant, car organisé en catastrophe dans des conditions s’apparentant à du bricolage. Cette fois-ci, la maladie est plus grave et la vaccination encore plus indispensable, mais le fiasco logistique risque bien de se reproduire. D’autant plus que le seul vaccin autorisé pour l’instant est d’un maniement complexe, puisqu’il nécessite d’être conservé à très basse température.

Ces derniers mois, le gouvernement avait promis des tests hebdomadaires pour tout le personnel des Ehpad et des tests antigéniques en masse dans les écoles. Aujourd’hui, Véran, après avoir assumé la lenteur de sa campagne promet une vaccination massive… Dans cette affaire qui tourne au scandale sanitaire, les paroles gouvernementales ne sont décidément que du vent.

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