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- Lutte ouvrière n°2736
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Dans les entreprises
Bridgestone – Béthune : les actionnaires peuvent payer !
Trois mois après l’annonce de la fermeture de l’usine, les déclarations des politiciens et des représentants du gouvernement n’ont abouti qu’à un prétendu plan de relance.
Il s’agissait d’un plan de guerre dirigé, non contre Bridgestone, mais contre les travailleurs : il prévoyait 400 licenciements, soit la moitié de l’effectif, et des gains de 25 % de productivité pour ceux qui auraient continué de travailler. Et en plus, 100 millions de subventions publiques pour des investissements.
Bridgestone a dédaigné cette offre, confirmant ainsi que les actionnaires choisissaient la fermeture. Depuis le début, la production a été réduite puis quasiment stoppée par la direction, qui a garanti le paiement des salaires jusqu’à fin avril 2021. Les syndicats ont alors défendu l’idée que toute grève ou mobilisation ne servirait à rien, sinon à risquer d’y perdre son salaire. Pourtant la tension est montée quand une centaine d’ouvriers ont obligé le directeur à venir s’expliquer au réfectoire sur les longueurs des négociations, notamment concernant les préretraites.
La direction a fini par annoncer qu’un relevé de décision avait été signé avec l’ensemble des syndicats (Sud-Chimie, CFDT, CFE-CGC, FO, CGT, CFTC, UNSA) entérinant ses dernières propositions :
- Les préretraites prises en charge à 75 % du salaire brut, sept ans avant l’âge de la retraite (huit ans pour les salariés fragiles).
- Un congé de reclasse- ment de 21 mois proposé à tous les autres salariés, 24 mois pour les plus de 50 ans.
L’intersyndicale n’a appelé à aucune assemblée afin de discuter des propositions de la direction et dans ce contexte, sans mobilisation, sans direction pour proposer des objectifs communs, les travailleurs ont du mal à exprimer leur avis, divisés selon leur tranche d’âge. Plutôt soulagés de voir cette proposition alors qu’ils s’attendaient à pire, beaucoup attendent maintenant la suite.
Bien sûr, au regard de bien des plans de fermeture dans des petites ou moyennes entreprises de la région, ces propositions ne sont pas les pires.
Mais, au regard de la crise qui s’aggrave en rendant plus difficile de retrouver un travail équivalent, voire un travail tout court, cette fermeture reste une attaque violente contre tous les travailleurs et beaucoup en sont conscients.
Les directions syndicales n’ont rien fait, bien au contraire, pour aider les travailleurs à se sentir une force. Pourtant Bridgestone, avec ses 2,5 milliards d’euros de profits en 2019, a les moyens de payer les salaires pour tous et de partager le travail entre tous. D’autant plus que les ouvriers de Bridgestone ne sont pas seuls. Ensemble, avec les millions d’autres salariés, ceux des entreprises qui licencient ou ferment, et tous les autres, ils représentent une force importante dont l’intérêt commun est d’imposer le partage du travail entre tous avec maintien du salaire.