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Leur société
Une nouvelle affaire Tarnac ?
Mardi 8 décembre, les services de renseignement (DGSI) ont arrêté sept personnes à Toulouse, Rennes, Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne, et Cubjac en Dordogne, les accusant d’avoir constitué une association de malfaiteurs terroristes de l’ultragauche.
L’un est fiché S, non pour être un intégriste islamiste mais pour ses idées révolutionnaires après dix mois en 2018 passés au Rojava, le Kurdistan de Syrie. Il y avait combattu Daech avec des milices kurdes sur lesquelles la France et les États-Unis s’étaient appuyées avant de les laisser seules face à l’armée turque.
Il n’en a pas fallu davantage pour que Darmanin monte sur ses grands chevaux républicains, suivi par toute une série de politiciens de droite et d’extrême droite ravis de vociférer contre l’extrême gauche et de la présenter comme un des principaux dangers qui menacent la civilisation.
Quelques armes – deux fusils, deux pistolets – auraient été saisies, ainsi que des produits d’usage courant qui peuvent être utilisés pour préparer des explosifs. Toutefois, une semaine plus tard, toujours aucun acte de violence ni aucun projet concret ne semblaient être reprochés aux personnes arrêtées. Alors même que cette opération avait été présentée comme devant empêcher un attentat contre des policiers.
Tout cela rappelle l’affaire Tarnac : en novembre 2008, neuf jeunes avaient été accusés du sabotage d’une ligne SNCF. En fait, la police avait monté l’affaire de toutes pièces et inventé une cellule terroriste « ultragauche » pour accréditer la politique sécuritaire du gouvernement. Après six mois de prison et dix ans d’acharnement judiciaire, Julien Coupat et Yildune Levy avaient fini par être relaxés de toutes les charges retenues contre eux, sauf de leur refus de se soumettre à un prélèvement d’ADN. La présidente du tribunal correctionnel avait conclu que le groupe de Tarnac n’avait été rien d’autre qu’une « fiction ».
Ces arrestations soulignent que les coups de menton et les mesures autoritaires peuvent être tournées contre n’importe qui, y compris ceux qui contestent cet ordre social injuste et cette République qui l’incarne.