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- Lutte ouvrière n°2734
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Toulouse-Blagnac : 100 % de grévistes à la sûreté
Vendredi 18 décembre, la totalité des 160 agents de sûreté Seris de l’aéroport de Toulouse-Blagnac étaient en grève. Ces travailleurs chargés du contrôle des passagers et des bagages n’avaient pas choisi la date au hasard. Le trafic aérien est très ralenti en cette période mais il l’était un peu moins ce jour de départ en congé.
Nationalement, deux syndicats (UNSA et CFTC) de Seris ont signé un APC (accord de performance collective) au terme duquel les agents voient une de leurs primes supprimée et l’autre payée au prorata des jours travaillés, et donc, avec le chômage partiel, sérieusement amputée.
Ces deux primes représentent chacune un mois de salaire et cette perte s’ajoute aux baisses de salaire dues au chômage partiel. Le patron devait penser qu’en cette période de trafic aérien très faible où de nombreux travailleurs sont en chômage partiel, son sale coup passerait. Mais pour les agents de Blagnac, pas question d’accepter cela. Les délégués UNSA se sont même désolidarisés de leur syndicat et ont appelé à la grève avec les autres.
48 heures avant la grève, 100 % avaient déclaré leur intention de le faire, comme la loi Diard de 2012 l’impose. Les patrons de l’aéroport ont compris la menace. Seris a tenté de faire venir des agents d’autres aéroports. Malgré la promesse d’une prime journalière de 50, puis de 100 euros, elle n’a réussi à convaincre qu’une dizaine de travailleurs sur 1 500. La société ATB, le gestionnaire de l’aéroport, a alors suspendu le marché de la sûreté, ce qui lui a permis de justifier l’appel à d’autres sociétés d’agents de sûreté (Securitas, ICTS) en France.
À Blagnac est présente une autre société de sûreté, ICTS. Mais aucun de ses salariés n’a accepté de remplacer les grévistes sur leurs postes. ATB a alors ouvert des postes fermés depuis avril dernier et demandé à ICTS d’y envoyer les agents qui y travaillent habituellement et qui étaient en chômage partiel. C’est seulement ainsi que l’aéroport a pu fonctionner ce jour-là.
Cela n’a pas entamé la détermination de grévistes, qui se sont réunis à 90 le jour de la grève et ils ont voté à l’unanimité sa reconduction dimanche 27 décembre, jour de retour de vacances. Ils sont déterminés à poursuivre le dimanche suivant si la direction ne cède pas.
Lors de l’assemblée, un chef d’équipe qui prenait sa retraite ce jour-là était présent. Normalement en congé, il avait demandé à être sur le planning pour, disait-il, « finir en beauté ». Une autre participante se disait convaincue que cette grève allait donner des idées à d’autres. En cette période de pandémie, on ne peut souhaiter meilleure contagion !