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Leur société
Plan antidrogue : Darmanin abuse du baratin
Prétendant faire de la lutte contre le trafic de drogue sa priorité, le ministre de l’Intérieur Darmanin a rendu public, dimanche 20 décembre, le recensement des lieux de vente de drogues dans le pays et promis de les « nettoyer ».
Après la mesure, prise en septembre dernier, d’une amende forfaitaire de 200 euros contre les consommateurs, Darmanin annonce maintenant que l’identification des points de deal de drogue s’accompagnera de la mise en place d’une plateforme accessible aux citoyens afin de les « responsabiliser et de les rendre actifs dans la lutte contre le trafic ».
Les riverains des lieux de vente sont les premières victimes des violences et des incivilités qui accompagnent le trafic et qui empoisonnent la vie dans ces quartiers populaires. Ils n’ont d’ailleurs pas attendu Darmanin pour réagir. En Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus pauvres de l’Hexagone, qui compte aussi le plus grand nombre de lieux de trafics selon la cartographie rendue publique par Darmanin, des actions avaient été organisées dans plusieurs villes, comme Saint-Ouen, Sevran ou Saint-Denis. Chaînes humaines organisées par les mères de famille, rondes et veillées pour occuper les cages d’escaliers, les squares et les abords des écoles de leurs quartiers, afin d’en chasser les dealers : les habitants se font entendre régulièrement. Ils dénoncent d’ailleurs parfois non seulement la présence des dealers, mais aussi l’inefficacité, voire le mépris et la brutalité des autorités et de la police.
Malgré toutes ses postures de cowboy, Darmanin fait en réalité beaucoup de bruit pour pas grand-chose. À propos de l’amende forfaitaire contre les consommateurs, une ancienne policière, aujourd’hui présidente du Collectif police contre la prohibition explique : « Mettre des amendes aux consommateurs ne sert pas à lutter contre les trafics mais à pénaliser l’usage. Cela prend un temps fou à la police. Pourquoi le fait-on ? Parce que c’est un délit aussitôt constaté, aussitôt résolu, une mine d’or pour faire grimper les chiffres “d’affaires résolues” au ministère. »
Sans même parler de l’efficacité réelle de la plate-forme de Darmanin, sa politique fait l’impasse sur le problème de fond qui engendre la montée de la violence et de tous les trafics dans la société. L’augmentation du chômage, de la précarité et de la pauvreté, l’absence de perspectives, sont autant de réalités qui pèsent sur la vie sociale dans les quartiers populaires. Ces conditions-là sont le fruit de la politique du gouvernement de Darmanin et consorts, au service des grands capitalistes. La vie des travailleurs et de leurs familles dans les quartiers populaires est le cadet de leurs soucis.