- Accueil
- Lutte ouvrière n°2732
- Dette des pays pauvres : le nœud coulant
Dans le monde
Dette des pays pauvres : le nœud coulant
Mi-novembre, les ministres des Finances des vingt pays les plus riches de la planète – le G20 – ont conclu un accord pour prolonger le moratoire des remboursements de la dette des pays les plus pauvres.
Ils ont également fixé un cadre pour négocier la restructuration de ces dettes quand ces pays deviendront incapables de rembourser. S’ils ont qualifié cet accord d’historique, c’est parce qu’il leur permet de présenter un front commun, Chine incluse, empêchant les États au bord de la banqueroute de négocier des aménagements de leur dette au détriment d’un créancier ou d’un autre.
Avec la crise actuelle, le nœud coulant de la dette de ces pays s’est un peu plus resserré. La baisse des revenus tirés des exportations de matières premières, la dépréciation de leurs devises, qui augmente d’autant le coût du remboursement des emprunts contractés en yens, en euros ou en dollars, ont considérablement alourdi la charge de la dette. L’organisation non gouvernementale Oxfam a calculé que le Ghana dépense onze fois plus pour le remboursement de sa dette que pour son système de santé publique. Le service de la dette absorbe 30 % des recettes budgétaires de l’État au Nigeria, en Égypte, en Angola…
Dans ces conditions, les pays riches et les créanciers privés estiment qu’une vague de défauts de paiement est inéluctable et qu’elle représente une menace pour la circulation financière internationale. C’est pourquoi les remboursements ont été échelonnés sur trois ans au-delà de 2022. Ce moratoire est qualifié de bouffée d’oxygène pour les pays pauvres. Oui, sans doute, mais c’est la bouffée d’oxygène qui permet aux États, et évidemment pas à la population, de respirer le temps de passer à la caisse !
La dette des pays pauvres représente 3 000 milliards de dollars. Elle est le véhicule et le mécanisme par lequel les pays impérialistes les exploitent. Mais son accumulation même finit par devenir une des menaces qui pèsent sur le marché financier et, au-delà, sur l’économie mondiale. En aménageant la dette, le G20 ne tente pas d’aider les pays pauvres mais de protéger le système qui les étrangle.