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- Lutte ouvrière n°2731
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Dans le monde
Inde : une mobilisation massive
Le 26 novembre, une grève générale était organisée en Inde, à l’appel de dix syndicats, soit l’ensemble des organisations, à l’exception du syndicat BMS, proche du pouvoir. Deux cent cinquante millions de travailleurs étaient appelés à cesser le travail, ce qui a valu à ce mouvement d’être qualifié de « plus grande grève du monde ».
Les banques, les transports, la sidérurgie, les ports et docks, les télécommunications, l’énergie, les mines, le pétrole et le gaz étaient appelés à faire grève, ainsi que la santé et les services sociaux. Cette grève a-t-elle été effectivement suivie, et par combien de salariés dans cet immense pays ? Elle semble avoir été peu importante à Delhi, la capitale. Mais, malgré l’arrestation de syndicalistes la veille, elle a été largement suivie dans les États du Kerala, du Tamil Nadu et du Bengale. Des affrontements ont eu lieu avec la police. Dans l’Assam, des travailleurs des plantations de thé ont brûlé l’effigie du Premier ministre Modi.
La grève était organisée contre la politique antiouvrière du gouvernement. Les organisateurs ciblent en particulier des textes adoptés en septembre au Parlement : la flexibilisation du marché du travail qui facilite les licenciements ; une réforme du Code du travail qui rend plus difficile la formation de syndicats, qui doivent désormais représenter 51 % des effectifs d’une entreprise pour être reconnus, et qui oblige les travailleurs à annoncer une grève deux semaines à l’avance pour qu’elle soit légale.
Au-delà de ces réformes, la pandémie s’est traduite en Inde par une dégradation brutale des conditions d’existence des classes populaires. Alors que plus des trois quarts des actifs relèvent de l’économie informelle, le confinement a eu pour conséquence que quelque 140 millions d’Indiens auraient perdu leur emploi en mars dernier, tandis que de nombreux autres ont vu leurs revenus s’effondrer, et redoutent le retour des famines. Le pays traverse la pire crise économique depuis des décennies et les organisations syndicales demandent également des aides alimentaires et le versement d’allocations de secours.
Par ailleurs, des milliers d’agriculteurs ont convergé vers la capitale du pays, Delhi, en particulier depuis le Pendjab, grenier à riz et à blé du pays. Ils protestent contre la libéralisation des marchés imposée par le gouvernement. En effet, jusqu’à présent, une partie des agriculteurs vendent leur récolte sur des marchés régionaux (mandis) régulés par les autorités locales, avec des prix fixés par elles. La loi élargit désormais la vente à prix libre aux entreprises, qui pourraient stocker et spéculer, et les paysans redoutent une chute de leurs revenus.
Quelles que soient les arrière-pensées des organisateurs et la portée de ces mobilisations, il est avéré que la politique du gouvernement Modi, en place depuis 2014, est tout entière dévouée à la bourgeoisie du pays, qui s’est enrichie ces dernières années par une exploitation féroce des travailleurs indiens.