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Sécurité globale : une loi scandaleuse
De nombreux manifestants, jusqu’à 10 000 personnes à Paris, ont protesté samedi 21 novembre contre l’article 24 de la loi dite Sécurité globale, votée la veille à l’Assemblée nationale.
Cet article prévoit de punir d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser des images d’un policier ou d’un militaire « dans le but manifeste qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique ». Il a été voté à 146 voix pour et 24 contre, avec les voix de la droite et de l’extrême droite.
Dès la présentation du projet de loi, les syndicats de journalistes et la Ligue des droits de l’homme se sont élevés contre cette limitation de la liberté de la presse et du droit de tout un chacun de filmer les violences policières. Les policiers en revanche n’ont même pas attendu qu’elle soit votée pour l’appliquer à leur façon.
Ainsi, mardi 14 novembre, un premier rassemblement a eu lieu à Paris, près de l’Assemblée nationale. Quand des manifestants ont refusé de se disperser, les policiers ont répliqué en utilisant un canon à eau et des gaz lacrymogènes et, refusant d’être filmés, ils ont fini par arrêter deux journalistes, dont l’un de France 3, et par les retenir vingt heures en garde à vue.
Face aux protestations des journalistes, Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a de nouveau volé au secours des policiers. Le ministre a déclaré que, si les journalistes couvraient des manifestations, ils devaient « se rapprocher des autorités » afin de « se signaler, pour être protégés par les forces de l’ordre », provoquant un tollé dans le monde du journalisme et dans le monde politique. Même le conseil des droits de l’homme de l’ONU a estimé que la loi de Sécurité globale comportait des atteintes importantes aux libertés fondamentales.
Pour tenir compte du mécontentement qui s’exprimait, y compris parmi les députés de la majorité gouvernementale, il a été rajouté dans l’article 24 qu’il ne devrait pas créer un « préjudice au droit d’informer ». Cela ne change rien à l’esprit du texte, qui permettra de s’en prendre plus facilement aux journalistes et, plus largement, à tous ceux qui voudraient rendre compte des violences policières. Ce sont des vidéo-amateurs qui ont dénoncé le meurtre de Cédric Chouviat, les violences de Benalla ou de bien d’autres. Et c’est ce contrôle par les images que ne supportent pas les policiers qui veulent pouvoir exercer leur violence en toute impunité.
Les manifestations qui se sont produites à l’annonce de cette loi montrent que beaucoup, dans le pays, n’ont pas l’intention de se laisser intimider ainsi. Il est à souhaiter qu’elles continuent. Lutte ouvrière affirme sa solidarité avec tous ceux qui manifesteront dans les jours qui viennent pour protester contre cette loi scandaleuse.