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Sahara occidental : le régime marocain en guerre
Depuis vendredi 13 novembre, les combats ont repris au Sahara occidental entre l’armée marocaine et les forces indépendantistes sahraouies du Front Polisario, mettant fin à un cessez-le-feu en vigueur depuis 1991.
Ces affrontements viennent raviver un conflit qui ne s’est jamais éteint depuis qu’en 1976, à la mort du dictateur Franco, l’Espagne s’est retirée de ses possessions coloniales dans cette partie du Sahara. Ces territoires, peu peuplés, renferment d’importants gisements, de phosphate notamment, qui ont aiguisé les convoitises de toutes les puissances régionales.
Après le départ des troupes espagnoles, le Maroc annexa le nord et le centre du Sahara occidental, tandis que la Mauritanie s’accapara la partie sud. Le Front Polisario proclama alors une République arabe sahraouie démocratique qui fut reconnue par l’Algérie qui convoitait, elle, un débouché maritime sur la façade atlantique. Une longue guerre commença alors – la guerre des sables, comme on l’appela – dans laquelle l’impérialisme français apporta son appui, y compris militaire à certains moments, à ses alliés marocain et mauritanien. En 1979, la Mauritanie finit par se retirer du conflit, tandis que le Maroc, incapable de vaincre les indépendantistes, dut se résoudre à un statu quo. Un mur des sables de plus de 2 720 km fut construit, protégé par des milliers de soldats, par des champs de mines, des remblais, des tranchées, des radars, des portillons électroniques. Cette zone du Sahara se trouva ainsi divisée en deux, les 20 % à l’est étant abandonnés au contrôle du Front Polisario, les 80 % situés à l’ouest demeurant sous contrôle marocain.
Les affrontements militaires prirent fin en 1991 après un accord de cessez-le-feu conclu sous l’égide de l’ONU, prévoyant l’établissement d’une zone tampon de cinq kilomètres de chaque côté du mur édifié par les Marocains, dont la neutralisation était garantie par la présence de Casques bleus. Ce n’est pas la première fois que cette trêve est remise en cause. La responsabilité en incombe au régime marocain, qui n’a jamais accepté de reconnaître le droit des Sahraouis à l’autodétermination et à l’indépendance. Le roi Hassan II puis son fils Mohammed VI, qui lui a succédé sur le trône, se sont toujours servis de la question du Sahara occidental pour attiser le nationalisme au sein de leur population et lui donner un exutoire.
Ce calcul n’est certainement pas absent aujourd’hui de l’esprit des dirigeants marocains, dans un contexte marqué par l’aggravation de la crise et de ses conséquences pour les classes populaires. Tout le secteur touristique, important au Maroc, est en grande difficulté du fait de l’absence des touristes en provenance des pays riches. Les mesures de confinement continuent, c’est le cas par exemple dans la région de Casablanca, la principale ville du pays. Dans certaines régions rurales, la pauvreté des paysans est telle, ajoutée à la sécheresse qui sévit actuellement, qu’elle fait planer le spectre de la famine.
Le régime marocain cherche certainement à recréer une union nationale derrière lui au moyen de cette guerre au Sahara. Il a ainsi obtenu le soutien de presque tous les partis politiques, Mais il n’est pas dit que cela suffise à mettre fin au mécontentement populaire, d’autant que les sommes dépensées pour financer cette aventure militaire manqueront aussi pour répondre aux besoins de la population, dans un pays où les inégalités sont de plus en plus fortes et révoltantes.