Hommage à Samuel Paty : défendre nos idées !28/10/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/10/2726.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hommage à Samuel Paty : défendre nos idées !

Après l’assassinat barbare de Samuel Paty devant le collège où il enseignait, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, a concocté un programme d’hommages officiels dans tous les établissements du pays pour la rentrée du lundi 2 novembre.

Un premier temps de « préparation entre professeurs » sera suivi d’un second, avec les élèves, pour « réaffirmer les principes de l’école et de la République ». Blanquer demande ensuite aux directeurs et proviseurs de rassembler tous les élèves, les professeurs et ceux qu’il appelle « les partenaires de l’école » dans la cour des établissements, pour une minute de silence et la lecture de « la Lettre aux institutrices et instituteurs » de Jean Jaurès.

Exprimer son indignation et son horreur, après la décapitation d’un professeur qui a montré des caricatures de Mahomet dans un cours sur la liberté d’expression, est une évidence. Tout comme il est indispensable de dénoncer le danger et l’emprise des islamistes intégristes, qui voudraient contrôler le contenu de l’enseignement et régenter la vie de ceux qu’ils considèrent comme appartenant à leur communauté.

Mais l’émotion et le dégoût légitimes sont instrumentalisés, depuis le 17 octobre, par Macron et ses ministres et par les dirigeants politiques de tout bord, qui multiplient les postures sécuritaires et les amalgames racistes.

Pour ne pas se faire voler leur émotion ou leur colère, les enseignants ne peuvent en rester à la minute de silence ou à l’union apparente derrière les valeurs républicaines : des « valeurs » qui ont inclus au fil du temps les massacres coloniaux, les fusillades contre des grévistes ou des insurgés, la torture en Algérie ou les camps de rétention pour sans-papiers. Les « temps de préparation » doivent être l’occasion de discussions entre collègues et avec les élèves.

Si des centaines de milliers de jeunes ont de quoi être inquiets, voire traumatisés par le passage à l’acte des islamistes et leur emprise dans certains quartiers, que peuvent ressentir les élèves nés de parents étrangers ou appartenant à des familles musulmanes, pratiquantes ou pas, après quinze jours de campagne xénophobe et islamophobe ? Il faut comprendre les ressorts qui permettent aux tendances islamistes de progresser. Si le désespoir, la misère matérielle ou morale ont pu conduire des jeunes nés en France à partir en Syrie pour rejoindre Daech ou à décapiter un professeur, enrayer cette évolution ne se fera pas en traquant les propos hostiles à la laïcité ou en évoquant les prétendues valeurs de la république.

La société capitaliste en crise transforme des quartiers entiers en ghettos de misère et n’offre aucun espoir d’avenir à bien des jeunes. C’est sur ce terreau que se développent les intégrismes religieux, islamistes, évangéliques ou autres, mais aussi l’extrême droite raciste et identitaire. S’il y a une idée à transmettre à la jeunesse, en particulier à celle issue des quartiers populaires, c’est la conviction qu’elle doit prendre sa place dans le combat pour renverser le pouvoir des capitalistes et mettre en place une société débarrassée de l’exploitation.

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