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- Lutte ouvrière n°2724
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Editorial
Une crise sociale dévastatrice à un pôle, : et beaucoup d’argent à l’autre !
Même si le virus circule plus lentement qu’en mars, les contaminations sont, chaque jour, plus nombreuses. Autrement dit, l’épidémie est, de nouveau, hors de contrôle. Il est impossible de tester, tracer et isoler comme il le faudrait. Impossible aussi de dire où se font les contaminations. Et comme les hôpitaux sont incapables d’encaisser une nouvelle vague, même moins haute que la première, on ne peut qu’être très inquiet. Mis à part cela, le gouvernement estime bien gérer la crise sanitaire !
C’est pire encore pour ce qui est de la crise économique, car là il n’y aura pas de médecins ni de scientifiques pour nous en sortir, il n’y aura ni traitement ni vaccin.
Le gouvernement voudrait nous faire croire que le Covid-19 est le seul responsable de l’effondrement de l’activité. C’est faux ! L’épidémie n’a pas créé la crise économique, elle n’a fait que l’accélérer et l’aggraver.
Les travailleurs de la métallurgie, de l’automobile, du textile ou de l’agroalimentaire sont bien placés pour savoir que les fermetures, les plans de licenciements ou le chantage à la compétitivité n’ont rien de nouveau. Mais avec de nouveaux secteurs emportés dans le gouffre : l’aéronautique, l’économie des spectacles, le secteur du
tourisme… la crise économique monte d’un cran.
ême du côté des artisans et commerçants c’est le cas. Les fermetures de magasins dans les centres des villes populaires ne sont pas une nouveauté. Elles ont suivi le rythme des fermetures d’usines et de la montée du chômage. Là encore, l’accélération est brutale. Parmi les bars qui sont fermés administrativement ou qui ont tiré le rideau, faute de clientèle, combien rouvriront ?
Avec le fonds de solidarité et le paiement du chômage partiel, le gouvernement maintient nombre d’entreprises en coma artificiel. Mais cela ne durera pas indéfiniment.
Des cohortes de salariés de petites entreprises, voire des artisans et des commerçants, vont rejoindre les rangs de Pôle emploi. Ils viendront s’ajouter aux intérimaires, aux précaires, aux autoentrepreneurs qui ont perdu leur emploi depuis mars. Ils s’ajouteront aux salariés des grandes entreprises dont les usines ferment et à ceux qui font partie des charrettes de licenciements : Bridgestone, Alinea, Auchan, Elior, etc.
Le filet protecteur qui existe en France rend sans doute les choses plus supportables que dans d’autres pays. Mais ce filet a de gros trous et il n’empêche pas la pauvreté de monter. Les 550 euros de RSA ne suffisent sûrement pas pour vivre. Quant à ceux qui tiraient déjà le diable par la queue avec un salaire trop bas, les allocations chômage ne sont qu’un pis-aller. Et nombre de retraités aux pensions indignes tombent dans la misère.
On pourrait aussi dresser la carte des départements classés en rouge parce que le nombre d’inscrits aux Restos du coeur ou au Secours populaire monte dangereusement et que ces organisations caritatives sont débordées. Mais cette carte-là, le gouvernement ne la donnera pas, car cette montée du chômage et de la misère est aussi le fruit de sa politique : une politique qui donne un blanc-seing au grand patronat pour licencier alors même qu’il est arrosé de milliards ; une politique entièrement consacrée à enrichir les plus riches.
Depuis des décennies, l’État sert de béquille aux capitalistes. Dans un contexte de marchés saturés et de concurrence féroce, il les aide de toutes les façons possibles. En cassant le code du travail, il a facilité l’exploitation, les licenciements, la flexibilité. Il les aide aussi en espèces sonnantes et trébuchantes. Baisses d’impôts, de cotisations,
crédits fiscaux… tous les gouvernements successifs ont transféré des centaines de milliards des caisses publiques à celles de la bourgeoisie.
La banque suisse UBS vient de révéler que la fortune des milliardaires français a quintuplé en dix ans et atteint 375 milliards d’euros. Et, un rapport gouvernemental le confirme, la réforme de l’ISF et l’entrée en vigueur de la Flat Tax ont été une gâterie de plus.
Même dans cette période de crise du capitalisme, les plus riches tirent très bien leur épingle du jeu ! Les grands actionnaires ont les poches qui débordent et les sommes faramineuses qui affl uent dans la finance en témoignent. L’argent existe pour préserver les emplois et les salaires. Mais personne ne l’apportera aux travailleurs sur un plateau. C’est à eux d’aller le chercher, et c’est possible à condition de renouer avec des luttes assez massives pour que les capitalistes craignent de tout perdre.