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Europe : un nouveau pacte pour dénier le droit d’asile
À la suite de l’incendie du camp de réfugiés de Moria en Grèce, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, présentait, mercredi 23 septembre, un nouveau pacte sur le droit d’asile qui viserait à répartir plus équitablement l’accueil des réfugiés.
Depuis des années, les principales puissances européennes se défaussent sur l’Italie, la Grèce, Malte et, dans une moindre mesure, l’Espagne, pour gérer l’arrivée des migrants. L’accord de Dublin, en vigueur jusque-là, préconise que le pays où arrive le migrant et où il est enregistré doit lui faciliter toutes les démarches de demande d’asile, l’accueillir, l’abriter, en échange de quoi celui-ci n’a pas le droit de choisir son pays d’accueil. Ce règlement de Dublin exempte la plupart des pays européens, dont la France, de toute solidarité dans l’accueil des migrants. Seule l’Allemagne a accepté un temps d’ouvrir ses frontières pour accueillir près d’un million de réfugiés entre 2015 et 2017.
Le résultat est que les migrants s’entassent dans des camps de réfugiés dans les pays méditerranéens. Dans celui de Moria, sur l’île de Lesbos, qui vient de subir un incendie, plus de 12 000 personnes vivaient sous des tentes, entassées, créant une situation explosive. Et la peur de l’épidémie vient s’ajouter à la misère et à la détresse des réfugiés.
Mais loin de soulager les pays méditerranéens, le pacte européen prévoit surtout de répartir les refus et les retours au pays. À défaut d’obliger différents États à accueillir les migrants, la Commission européenne prétend les contraindre à affréter des avions pour les déboutés du droit d’asile et appelle cela la solidarité ! Seule petite nouveauté, si un réfugié parvient à faire la preuve qu’il a de la famille ou un diplôme dans un autre pays d’Europe, il pourra prétendre s’y installer.
En fait, la plupart des pays riches comme la France pourraient sans problème accueillir ces migrants. Mais, dans un contexte de surenchères xénophobes, ils cherchent mille arguties pour ne pas remplir ce devoir de solidarité. Et le comble de l’hypocrisie est bien de désigner d’autres pays comme les responsables de cette impasse.
L’État français a montré son vrai visage en refusant d’accueillir le bateau humanitaire Alan Kurdi, transportant 125 migrants et qui, le 23 septembre, avait annoncé son intention d’accoster en France. Après avoir refusé, l’État français a usé de tout son poids diplomatique pour que l’Italie accepte finalement de le recevoir. C’est tout un symbole de cette Europe cadenassée !