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États-Unis : milices racistes à l’œuvre
Deux jours après la tentative de meurtre sur un Noir, Jacob Blake, par un policier blanc, les milices armées d’extrême droite se sont mobilisées à Kenosha dans le Wisconsin pour contrer les manifestations antiracistes, en prétendant défendre la propriété privée. Le 25 août, un milicien de 17 ans, clamant sur les réseaux sociaux son soutien à la police et à Trump, a tué deux manifestants antiracistes.
À Kenosha, la police, viscéralement raciste, traite l’extrême droite armée en alliée et félicite les miliciens. Au cours de la nuit très tendue du 25 août, aucun policier n’a interpellé le jeune tueur blanc d’extrême droite après son crime, alors qu’il croisait des patrouilles en exhibant son arme. Ce n’est que le lendemain qu’il a été arrêté, chez lui.
Depuis qu’un autre Noir, George Floyd, a été étouffé par la police il y a trois mois dans le Minnesota voisin, une vague de manifestations antiracistes a déferlé sur les États-Unis. Donald Trump a saisi l’occasion d’accentuer sa campagne à destination de l’électorat raciste pour se faire réélire à la Maison-Blanche en novembre prochain. Il a régulièrement insulté les manifestants, les a menacés de leur faire tirer dessus par la police en réponse aux quelques nuits de pillage, phénomène extrêmement minoritaire en regard des millions de gens mobilisés.
Il a aussi accusé les autorités démocrates locales, qui soutiennent son rival Joe Biden, d’être incapables de rétablir « la loi et l’ordre ». Ce cynisme électoral a planté le décor pour que les milices d’extrême droite provoquent les manifestants, afin que les incidents qui en résultent fatalement donnent du poids à sa campagne sécuritaire.
En se rendant à Kenosha le 1er septembre, Trump a cherché à exploiter au maximum la tension. Sans un mot pour déplorer la mort de Jacob Blake, dont il n’a pas rencontré la famille, il a prétendu que le jeune milicien armé d’un fusil d’assaut, qui avait tué deux manifestants désarmés, était en état de légitime défense !
À Portland, 3 000 kilomètres plus à l’ouest, qui connaît chaque soir depuis trois mois des manifestations antiracistes, des milices armées, roulant dans des véhicules couverts de pancartes électorales de Trump, défient les manifestants chaque week-end.
Cela fait des mois que l’extrême droite cherche à occuper le terrain. Jusqu’à présent, son action s’est coulée à peu près dans la campagne électorale du républicain Trump.
Cette mouvance ne disparaîtra pas au lendemain de l’élection, quel que soit le résultat. L’extrême droite fait peser une menace permanente sur les foules qui se mobilisent aujourd’hui contre les crimes racistes de la police, et peut-être demain sur les travailleurs s’organisant contre l’exploitation. La crise économique, précipitant des millions d’exploités vers le chômage, la misère, la perte de leur logement, ne peut qu’attiser les confrontations.
Ces groupes sont aujourd’hui très minoritaires, mais ils bénéficient d’un soutien, actuellement passif, dans une fraction plus large de la population blanche qui exprime de plus en plus ouvertement ses préjugés contre les Noirs, les immigrés, le socialisme… au nom du patriotisme, du conservatisme et de la religion.
Déjà à Kenosha ou à Portland, ceux qui manifestent jour après jour contre les crimes racistes de la police commencent à prendre des mesures de protection : certains s’équipent de gilets pare-balles, de gourdins, de tasers, etc., en cas de rencontre brutale avec l’extrême droite.
Au-delà, il y a un combat politique à mener pour que la démagogie sécuritaire et raciste recule parmi les travailleurs blancs qui sont tout autant confrontés à la brutalité de l’exploitation capitaliste que leurs camarades de travail noirs.