Russie : Malgré le Covid-19, des grèves29/07/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/07/2713.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Russie : Malgré le Covid-19, des grèves

Alors qu’avec le confinement et la crise sanitaire le nombre de conflits sociaux a sensiblement diminué ces derniers mois, les médias russes ont fait état de plusieurs grèves ces jours derniers, notamment dans la région sibérienne du fleuve Amour, à Saint-Pétersbourg et Moscou.

Le 17 juillet, des ouvriers qui entretiennent les pistes du plus grand aéroport de la capitale se sont mis en grève et ont fait irruption dans les locaux de leur direction pour obtenir le paiement de leurs heures supplémentaires. La direction ayant fait appel à la police et à la Garde nationale, celles-ci ont arrêté quelques ouvriers.

Ce même jour à Saint-Pétersbourg, les ouvriers construisant le futur siège du géant mondial Gazprom, un gratte-ciel, ont cessé le travail pour réclamer des arriérés de salaires remontant au printemps, tout en bloquant les accès routiers au chantier.

Toutefois, la plus forte étincelle de mécontentement ouvrier a éclaté dans la province de l’Amour, frontalière de la Chine, sur un gigantesque chantier de construction d’une usine de traitement du gaz, où le même trust Gazprom emploie 12 000 travailleurs.

Le 13 juillet, plus de 2 000 ouvriers, originaires d’Ouzbékistan, du Tadjikistan et de Turquie, se sont déclarés en grève pour qu’on leur verse des arriérés de salaires car, au total ces deux derniers mois, ils n’ont même pas touché la moitié d’une paie.

Le feu couvait depuis longtemps. Lors du confinement, ces travailleurs ont été littéralement bouclés sur place pendant quatre mois. Cela sans rien toucher pour le travail effectué ni pour les risques sanitaires dus au fait qu’ils étaient entassés comme du bétail à 18 dans des baraquements de 8 m², que leurs draps n’étaient changés qu’une fois par mois, que souvent ils ne pouvaient même pas se laver, l’eau étant coupée avant la relève des équipes. Une plainte ou une protestation, et c’était la porte.

Alors, ils ont cessé le travail à plusieurs milliers, se sont réunis sur la place du chantier pour aller à la direction. Elle répondit en coupant l’accès à Internet et en rameutant les OMON (forces spéciales).

Repoussés par une foule compacte, les OMON rivalisèrent de vitesse avec les cadres pour filer vers les camionnettes de l’administration, afin de se mettre au plus vite à l’abri, tandis que les ouvriers se moquaient d’eux et que quelques-uns s’emparaient de pierres, brisaient des vitres et des meubles dans les locaux directoriaux.

La protestation cessa avec l’arrivée de détachements militaires de la Garde nationale et d’engins blindés dans la cité ouvrière.

La direction du chantier dut cependant satisfaire certaines revendications et promettre qu’elle verserait le reste des salaires. Cela n’a pas empêché la commission d’enquête de déclarer publiquement « infondée, la version selon laquelle on ne versait pas les salaires aux ouvriers », de prononcer des inculpations et de placer en détention onze ouvriers, accusés d’avoir participé à des « désordres de masse ».

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