Dassault : aides publiques et chantage à l’emploi15/07/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/07/2711.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Dassault : aides publiques et chantage à l’emploi

Éric Trappier, président du Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques), a récemment obtenu les 7 milliards d’euros d’aide publique présentée comme devant préserver la filière industrielle et l’emploi chez EADS, Safran, Thales et Dassault-Aviation.

L’aviation commerciale a de son côté récupéré 8 autres milliards. Trappier étant par ailleurs PDG de Dassault-Aviation, nul doute que le groupe ne sera pas oublié dans la distribution.

Sur le site Dassault d’Argenteuil, après que la direction a été contrainte le 13 mars d’arrêter la production suite à une grève des travailleurs, qui refusaient alors de mettre leur santé en danger, l’activité est maintenant repartie. Mais, alors qu’en moyenne l’entreprise regroupait plus de 1 100 salariés, il n’y en a plus actuellement qu’environ 850. La direction n’a pas repris nombre d’intérimaires et prestataires, qui y travaillaient souvent depuis des années. Et maintenant, elle fait courir le bruit qu’il y aurait 150 ajusteurs en trop sur le site, dans le but d’alimenter l’inquiétude, espérant ainsi qu’on la laisse tranquille.

Pour mettre les points sur les «i», Trappier a tenu mardi 7 juillet une réunion centrale du CSEC qui annonçait son plan destiné à faire payer la crise aux travailleurs : rapatriement de tous les travaux effectués en sous-traitance, alors même que les 7 milliards sont présentés entre autres comme un soutien aux entreprises sous-traitantes ! Ce que Dassault sous-traite, c’est donc les licenciements ! Quant aux travailleurs des sites bordelais de Martignas et Mérignac, ainsi que ceux de Biarritz (Anglet), ils seraient mis prochainement en chômage partiel. De plus, la direction générale affirme qu’il y aurait encore entre 350 et 800 travailleurs en trop, la fourchette haute étant destinée à mettre la pression sur le gouvernement afin qu’il avance les commandes de Rafale initialement prévues pour les années futures.

Ces licenciements déguisés des précaires, le chômage partiel pour les uns ainsi que le chantage à l’emploi pour les autres sont une véritable provocation des actionnaires, pour l’essentiel la famille Dassault. C’est d’autant plus révoltant que la seule trésorerie de Dassault-Aviation s’élève à quelque 4,5 milliards d’euros de réserve. Seulement 0,7 % de cette trésorerie suffirait à assurer une paie de quelque 3 000 euros brut sur treize mois à 800 travailleurs pendant une année entière. La santé financière rayonnante du groupe n’a absolument pas dissuadé le gouvernement de servir les Dassault, parasites de longue date dans la captation des aides publiques, sans même faire semblant d’exiger une contrepartie comme le maintien de tous les emplois.

Chantage à l’emploi et aux aides publiques, Dassault n’a aucun complexe à défendre sa fortune coûte que coûte. Alors, pour le maintien de tous les emplois et l’intégralité des salaires, face à ce rapace qui empoche sans vergogne l’argent public pour grossir son trésor de guerre, il va falloir se battre pour le contraindre à puiser dans sa réserve.

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