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Dans le monde
Migrants : ceux qui les sauvent, et ceux qui les laissent périr
Le 5 juillet, l’Ocean Viking, le bateau affrété par l’organisation humanitaire SOS Méditerranée, a été enfin autorisé à accoster dans un port sicilien avec à son bord 180 migrants sauvés lors de plusieurs opérations entre le 25 et le 30 juin. Parmi eux, il y avait 25 mineurs et une femme enceinte.
Pendant une semaine, le navire s’était vu opposer refus sur refus de la part de Malte et de l’Italie, les deux pays les plus proches de sa position. Cette attente forcée a créé une très forte tension à bord : six personnes ont tenté de se suicider, tandis que d’autres, à bout de nerfs, en sont venus à soupçonner l’équipe humanitaire elle-même d’avoir une part de responsabilité dans la situation, au point que celle-ci a déclaré le navire en état d’urgence. Suite à cela, l’Italie a envoyé à bord un médecin qui a jugé la situation « presque incontrôlable ».
C’est sans doute ce qui a poussé les autorités italiennes à consentir à ouvrir l’un de leurs ports. Cette acceptation tardive ne peut pas faire oublier les risques qu’a fait courir l’attente en mer aux migrants et à l’équipage. Quant aux dirigeants des autres pays de l’Union européenne, ils sont restés dans une indifférence totale et se sont refusés à proposer la moindre solution collective pour accueillir ces quelques dizaines de personnes. Comme si ce n’était pas à la portée de pays riches comme la France ou l’Allemagne !
Il n’aura pas fallu une semaine pour que l’Ocean Viking, qui a repris la mer le 22 juin après trois mois d’interruption, se retrouve en état d’urgence. Car si la pandémie a interrompu les opérations de sauvetage, elle n’a rien changé à la situation qui contraint des milliers de personnes à fuir par tous les moyens la violence, la misère et les guerres : au contraire, selon le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés, les tentatives de traversée de la Méditerranée au départ de la Libye entre janvier et mai ont augmenté de 150 % par rapport à la même période en 2019. Depuis début janvier 2020, plus de 8 300 personnes auraient pris la mer sur des embarcations de fortune.
En revanche, la crise sanitaire a fourni un prétexte aux pays européens pour fermer encore plus hermétiquement leurs frontières. Ce n’est pas la première fois que des navires humanitaires doivent attendre des jours et des jours avant d’avoir le droit d’accoster ; cette fois-ci, aux dires de l’équipage, la situation aurait pu dégénérer, et au moment où l’Italie a dû céder et accueillir l’Ocean Viking, un navire de commerce libanais qui a pris en charge 52 migrants le 3 juillet a vu tous les ports européens lui refuser l’accès. À chaque fois, ce sont des heures ou des jours de négociation simplement pour laisser débarquer des êtres humains en danger de mort.
Mais que des femmes et des hommes qui cherchent un avenir meilleur, et ceux qui essaient de les aider, laissent leur vie en mer, n’est visiblement pas un problème pour les autorités de l’un des continents les plus riches du monde.