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- Lutte ouvrière n°2710
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Fonderies du Poitou : toujours méfiants
Mercredi 1er juillet, les travailleurs de l’Alu et de la Fonte des Fonderies du Poitou, à Ingrandes près de Châtellerault, étaient appelés à faire grève et se rassembler à la Préfecture de Poitiers, à l’occasion de la réunion du « comité de suivi » censé veiller sur le sort de l’usine.
Au bout de quelques heures, la direction, les élus locaux et les représentants de l’État quittaient discrètement la préfecture en voiture, invectivés de loin par les travailleurs des Fonderies puisqu’aucun engagement n’avait été pris.
Côté Fonte, la direction a reconnu que « dans six mois, il n’y a plus de perspective ». Renault, le donneur d’ordres, n’aurait plus confiance. La fermeture pourrait donc être envisagée fin 2020. Côté Alu, la région et l’État ne vont pas verser les trois et treize millions respectifs espérés par la direction.
Les représentants syndicaux de la CGT et de la CFE-CGC, rendant compte de la réunion, ont conclu au micro qu’« on mourra la tête haute ». Mais bien des travailleurs en colère discutaient de ne pas en rester là. La grève a donc été décidée le lendemain jeudi 2 juillet à la Fonte et à l’Alu, se prolongeant le lendemain pour la Fonte avec 240 grévistes sur un effectif de 305.
Ce même vendredi 3 juillet, Nicolas Turquois, le député macroniste local, venu se montrer au rassemblement des travailleurs en grève, a dû essuyer huées et invectives. Ce n’était que le résultat, bien mérité, d’une attitude politicienne qui depuis des mois mène les travailleurs des Fonderies en bateau, de réunions en « comité de suivi », à la traîne des patrons, de Liberty, repreneur des Fonderies en avril 2019, et de Renault, qui ne s’engagent sur rien.
Le député n’a dû son salut qu’à l’arrivée du directeur du site, venu tel un père Noël annoncer un plan de production pour les semaines à venir. Cela concernait les ouvriers de la Fonte, pour certains au chômage partiel depuis des mois.
Les responsables syndicaux ont alors proposé l’arrêt de la grève, en maintenant toutefois le blocage du magasin jusqu’à l’obtention d’un rendez-vous avec Senard, le PDG de Renault.
Les travailleurs des Fonderies sont vaccinés depuis longtemps contre les projets illusoires de commandes ou de diversification qu’on leur fait miroiter. Il leur reste à faire entendre, face aux patrons, leur détermination à ne pas se laisser dépouiller de leur emploi et de leur salaire.