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Leur société
Covid-19 : pour le gouvernement, tout s’est bien passé
Les ministres, responsables médicaux et hauts fonctionnaires se succèdent actuellement devant la commission parlementaire pour commenter la gestion de la crise sanitaire. Ils apparaissent tous satisfaits d’eux-mêmes et présentent ainsi une interprétation très lointaine de ce qui s’est réellement passé.
Agnès Buzyn, ministre de la Santé jusqu’au 16 février, a par exemple affirmé : « Je suis partie avec le sentiment d’avoir fait une bonne préparation. » De son côté, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a déclaré : « Nous avons été réactifs.»
Quelques-unes des autres personnalités auditionnées brossent un tableau un peu différent. Le directeur de l’APHP, Martin Hirsch, est revenu sur le manque de personnel et affirme qu’au premier mars, les hôpitaux n’étaient pas prêts. L’ex-ministre de la santé Roselyne Bachelot s’est vantée d’avoir laissé un stock de 1,7 milliard de masques en 2010. Chacun de ses successeurs a accompagné ensuite la diminution dudit stock même si personne n’en prend la responsabilité.
Si devant la commission les critiques sont restées mesurées, certains médecins dénoncent clairement, en d’autres lieux, les pénuries de masques, de tests ou de médicaments qui ont marqué le début de l’épidémie. Un rapport de la Fédération nationale des sapeurs- pompiers dénonce la gestion par le ministère de la Santé et les Agences régionales de Santé qui auraient, entre autres, « oublié les Ehpad ».
Cette crise sanitaire est devenue une catastrophe parce que le secteur de la santé était déjà à la limite de la rupture, alors que les gouvernants multipliaient les déclarations mensongères.
Il faudrait être naïf pour attendre d’une commission parlementaire une dénonciation claire de l’incurie du gouvernement dans la crise actuelle comme dans d’autres. Les gouvernants se font juger par leurs pairs qui, à leur place, auraient mené la même politique. La présidente de la commission d’enquête, Brigitte Bourguignon, ne vient-elle pas d’être nommée ministre déléguée ?
C’est dans la rue, dans les luttes, que le personnel soignant et la population pourront demander des comptes à tous ces gens-là.