Boulangerie de l’Europe – Reims : dix jours de grève24/06/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/06/P14_Boulangerie_Reims_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C82%2C875%2C574_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Boulangerie de l’Europe – Reims : dix jours de grève

Lors de la crise sanitaire, la Boulangerie de l’Europe, une entreprise de 95 salariés, a continué de fonctionner, produisant 200 000 baguettes par jour afin de fournir les magasins Lidl.

Illustration - dix jours de grève

L’usine appartient au groupe Neuhauser, contrôlé par Soufflet, la plus grande fortune de Champagne-Ardenne. Ce dernier avait fait afficher à la pointeuse qu’il saurait se montrer reconnaissant une fois la vague épidémique passée. Mais, comme remerciement, les ouvriers ont appris la suppression de leur prime de productivité, qui pouvait aller jusqu’à 250 euros selon les services. Quelque temps auparavant, ils avaient appris que la direction leur avait caché deux cas de contamination, pour ne pas avoir à supporter le coût financier d’une désinfection des locaux.

La grève a débuté dans la nuit du 8 juin, contre la suppression d’une partie de la rémunération et pour obtenir une prime exceptionnelle de 1 000 euros pour tous pour avoir travaillé lors de la crise sanitaire. Elle a été suivie par 49 des 60 ouvriers, ce qui a arrêté totalement la production. Le piquet était tenu jour et nuit, montrant une détermination qui s’est renforcée au fil du temps. La grève a aussi été suivie pendant quelques jours sur les sites de Maubeuge et Folschviller.

À l’usine de Reims, qui n’a pas connu de grève depuis 1975, c’était pour beaucoup une première expérience. Contenu depuis des années, tout le mécontentement sur les conditions de travail particulièrement pénibles, les vexations et les humiliations est ressorti.

Les travailleurs ont cherché à faire connaître leur mouvement en fabriquant des banderoles et en organisant des collectes sur un rond-point commercial à proximité, récoltant de nombreuses marques de soutien. De son côté, la direction ne voulait rien céder et a même décidé de fermer l’usine le week-end, alors qu’elle tourne habituellement sept jours sur sept. Ce n’est qu’au bout de dix jours qu’elle a finalement reculé.

Les travailleurs ont obtenu que la prime de productivité concerne tous les services et soit fixée avec un montant minimum de 209 euros pour les mois de mai à juillet, et l’engagement d’une prime Covid d’un minimum de 300 euros. Si pour certains ouvriers le compte n’y est pas, cela n’en reste pas moins une victoire morale sur la direction.

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