EDF et ses concurrents : bataille d’électrons10/06/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/06/2706.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

EDF et ses concurrents : bataille d’électrons

Entre EDF et certains de ses concurrents, appelés alternatifs, c’est la guerre. Guerre juridique, certes, mais à couteaux tirés. Sans que les clients aient à y gagner quoi que ce soit.

Il existe un règlement baptisé Arenh (accès régulé à l’électricité nucléaire historique) qui oblige EDF à vendre à ses concurrents le quart de sa production nucléaire, à un certain tarif. Ensuite, les concurrents alternatifs en question peuvent revendre cette électricité, en y gagnant évidemment, et ils avaient donc passé commande à EDF d’une certaine quantité d’électricité, par contrat. Mais avec l’épidémie, la consommation a beaucoup baissé et les prix sur le marché de gros, qui existe parallèlement, sont passés très en dessous du tarif de l’Arenh qui est de 42 euros le mégawattheure. Du coup, les fournisseurs alternatifs se sont sentis piégés et trois d’entre eux, dont Total, se sont adressés au tribunal pour faire annuler leur contrat, au motif d’un cas de force majeure. Celui-ci leur a donné raison, au grand dam d’EDF.

EDF vient de riposter, le 2 juin, en rompant les contrats avec ces trois alternatifs, jusqu’à la fin de l’année. Or, avec la reprise économique attendue, l’Arenh devrait redevenir intéressant !

On en est là de cette bataille judiciaire, qui n’est certainement pas finie. Elle a pour origine la décision d’imposer l’existence d’une concurrence pour les fournisseurs d’électricité dans le pays. Or, en France, depuis la nationalisation de l’énergie en 1946, à l’exception de quelques petites centrales, toute l’électricité était fournie par EDF. Restait la CNR, Compagnie nationale du Rhône, avec toutes les centrales hydroélectriques sur le fleuve, gérée par EDF mais avec un statut différent, et bradée ensuite au groupe Suez. Elle ne représente toutefois que 3 % de l’électricité totale.

En fait, en l’absence de concurrence, il a fallu l’inventer. Les autorités ont imposé à EDF de céder à un prix intéressant le quart de sa production nucléaire, soit 100 térawattheures (cent milliards de kilowattheures) à ses concurrents. Des concurrents sont alors apparus, sortis de nulle part, qui sont maintenant une trentaine. L’écrasante majorité de ces alternatifs ne produisent pas un seul électron. Ils se contentent de racheter de l’électricité à EDF, via l’Arenh, puis de la revendre. C’était tellement intéressant qu’ils ont réclamé, à la fin de l’année dernière, que l’on augmente la quantité qui leur était dévolue, passant de 100 à 135 térawattheures, au grand déplaisir d’EDF.

Tout ce dispositif est complètement absurde. Il n’a été conçu que pour donner des parts de marché à des sociétés privées. Et cela en prétendant que cette concurrence – entièrement artificielle – devrait aboutir à une baisse des prix… alors que ceux-ci n’ont fait qu’augmenter. Une des beautés du capitalisme !

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