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Dans les entreprises
Enseignes du vêtement : pour habiller les salariés, déshabiller les actionnaires
Après deux mois et demi de fermeture de leurs magasins décidée par le gouvernement, plusieurs enseignes parmi les plus grandes du secteur de l’habillement en ont profité pour demander leur mise en redressement judiciaire, et l’ont obtenue.
Cela permet le dépôt des offres de repreneurs, le dépeçage des enseignes et, à chaque fois, des charrettes de licenciements.
L’emploi est bien le dernier des soucis pour les capitalistes. Seuls comptent pour les repreneurs le nombre de magasins à capter et surtout le caractère stratégique de leur implantation face à leurs concurrents. C’est une étape dans la guerre de position qu’ils se livrent pour conquérir des parts de marché.
À chaque défaillance d’une enseigne, les candidats à la reprise, tels des vautours, tournent autour de leur nouvelle proie, et même de plusieurs à la fois. C’est ainsi que le groupe Beaumanoir, qui contrôle entre autres Cache Cache et Bonobo et qui a déjà racheté en 2019 Morgan au groupe Vivarte, a déposé une offre de reprise à la fois sur Camaïeu et sur Naf Naf, ex-enseigne de Vivarte rachetée il y a deux ans par un groupe chinois.
Pour La Halle, enseigne du groupe Vivarte, pas moins de sept offres ont été déposées, pour un total de 502 magasins sur 830 et de 3 195 salariés sur 5 391 actuellement à l’effectif. Une seule offre étant acceptée, c’est dire que plusieurs milliers de salariés de La Halle vont se retrouver sur le carreau. Et la liste des licenciements va encore s’allonger avec le dépôt de bilan d’autres enseignes importantes de l’équipement de la personne comme André, Orchestra ou l’enseigne de meubles Alinéa, membre de la galaxie Mulliez, propriétaire multimilliardaire d’Auchan.
Les propriétaires de toutes ces enseignes ne sont pas des petits commerçants en difficulté et pris à la gorge après deux mois et demi de fermeture. Ils caracolent pour la plupart dans le tableau des plus grosses fortunes du pays, comme les Mulliez. Mais c’est aussi le cas de la famille Descours, ex-propriétaire du groupe André puis de Vivarte, groupe qui en l’espace de dix ans est passé de vingt enseignes à trois, assurant l’enrichissement continu de ses actionnaires. Et les financiers qui ont avancé les fonds nécessaires au rachat et au dépeçage de ces groupes et organisé leur endettement sans fin, y ont aussi trouvé leur compte.
La crise est leur crise, et pas celle des travailleurs. Ceux-ci n’ont en aucun cas à payer la note de la gabegie des capitalistes.