Renault – Flins : notre santé avant leur production !19/05/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/05/2703.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault – Flins : notre santé avant leur production !

L’usine Renault de Flins a recommencé la production depuis le 29 avril, au départ sur une seule équipe, du matin. À la fin de la semaine, la cadence de production d’avant le confinement avait été presque retrouvée.

Des formations aux gestes barrières avaient été organisées mais la sécurité minimale est, depuis, loin d’être au rendez-vous. Pour venir à l’usine, ceux qui prennent les bus affrétés par Renault découvrent une situation bien éloignée des clichés rassurants des vidéos ou du protocole sanitaire maison. Censés être assis en quinconce, les passagers se retrouvent, sur certaines lignes les genoux directement dans le dos du voisin de devant, quand ce n’est pas côte à côte.

À l’entrée, les travailleurs passent devant une caméra thermique. Récemment, un salarié a été interpellé : « ton badge a sonné ». Mais c’était la sonnerie de la caméra thermique ! En fait, retrouver le travailleur ainsi détecté était impossible dans le flot ininterrompu avant la prise d’équipe.

Les uns près des autres, sur la chaîne du Montage, c’est le coude à coude, voire l’oreille contre l’oreille, et comme les casiers de pièces sur les bords de la chaîne sont les uns sur les autres, au lieu d’être espacés – gain de centièmes de minute oblige – les travailleurs eux aussi sont les uns sur les autres. Et dans les vestiaires, c’est le même confinement.

Malgré les avis de danger grave et imminent posés par les militants syndicaux, rien n’est fait. Le seul souci de la direction est de tout faire pour que, en dépit de son engagement à reprendre graduellement la production, la cadence grimpe quasiment au niveau où elle était à la fermeture. Des chefs ont même demandé à des ouvriers de venir directement en vêtements de travail, pour gagner du temps !

Tous sont inquiets, et certains sont absents. Déjà la direction a fait venir des centaines de travailleurs intérimaires pour les former en vue de la deuxième équipe, qui devait démarrer au Montage le 19 mai. Dès 5 heures du matin, le lundi 18 mai, il y avait sur plusieurs secteurs de la chaîne l’effectif complet des deux équipes. Cinquante travailleurs étaient entassés sur vingt-cinq postes. À deux, voire trois sur le même poste, la distanciation en prend encore un coup !

Suite à une rupture d’approvisionnement au Montage, il y a peu, la cadence avait été baissée en début d’équipe de 55 à 41 véhicules/heure : tous se sont alors rendu compte que cette cadence-là, et pas davantage, permettait de respecter les gestes barrières, ce qui était impossible à pleine vitesse. Chronomètre en main, des travailleurs ont fait constater que 25 secondes supplémentaires par voiture, c’est ce qu’il manquait pour pouvoir travailler en sécurité. Après la pause, malheureusement, la vitesse de chaîne était remontée !

La direction a eu beau minorer le nombre de travailleurs ayant contracté le Covid au moment de la fermeture de l’usine, tous connaissent des camarades ayant été atteints ou encore malades ; les collègues ne sont pas toujours avertis d’un cas suspect, ce qui démontre une fois de plus que pour leur sécurité vitale, pour celle de leurs proches, les travailleurs ne peuvent compter que sur leurs propres réseaux de surveillance. Certains travailleurs ont même proposé l’idée de n’avancer la chaîne que lorsque tous auraient fini leurs opérations, d’autres parlant de ne lancer qu’une voiture sur deux pour laisser deux fois plus de place pour travailler.

C’est en tout cas dans ces réactions collectives, en en parlant et en réfléchissant ensemble, que les travailleurs peuvent obliger la direction à tenir compte de leur inquiétude face aux risques de contamination.

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