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- Lutte ouvrière n°2702
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La société en crise
Réouvertures des écoles : la quadrature du cercle
Les écoles ouvrent donc progressivement depuis le 11 mai. Dans les départements les plus touchés par l’épidémie, c’est une minorité qui ouvre ses portes. Dans les moins touchés, les ouvertures oscillent entre 75 et 80 % des établissements.
Pour autant, les enfants ne se pressent pas à leurs portes parce que nombre de parents ont renoncé à les y envoyer, jugeant les conditions sanitaires peu sûres. Et ce n’est pas le protocole sanitaire de 54 pages produit par le ministère qui pouvait rassurer, tant les dispositions préconisées paraissent irréalisables.
Le gouvernement a fait le choix de rouvrir les écoles maternelles et primaires et non les lycées et les collèges, pour permettre aux parents de retourner au travail. Cyniquement, il fait le calcul que les grands d’une fratrie pourront garder les petits.
Le ministre Blanquer a ainsi eu le front de prétendre à propos du risque de contamination qu’ « il y a plus de risque à rester chez soi qu’à aller à l’école », revenant ainsi sur des semaines de propagande gouvernementale présentant le « rester chez soi » comme la seule solution face à l’épidémie.
Et d’affirmer qu’il veut lutter contre les inégalités scolaires. Mais ce discours ne trompe personne et surtout pas les parents des banlieues populaires qui ont appris, à leurs dépens, combien ce gouvernement, comme les précédents, méprisait leurs enfants. En témoignent les nombreuses fermetures de classes annoncées pour la rentrée de septembre en Seine-Saint-Denis. Pour permettre une reprise des classes dans des conditions correctes, il aurait fallu des moyens supplémentaires, des masques bien sûr mais surtout une embauche massive de personnel d’entretien, de personnel d’encadrement pour nettoyer, aider les enfants à se laver les mains. Rien de cela n’a été fait.
Pour masquer l’incurie de son ministère, le ministre de l’Éducation nationale multiplie les satisfecit sur les plateaux télé. Contre l’évidence, il prétend que l’enseignement à distance fait ses preuves. Il voit même cela comme une solution pour la rentrée de septembre. Il prétend que l’école de demain utilisera ainsi toutes les technologies que de nombreux professeurs ont, d’après lui, appris à maîtriser. Il a trouvé un nouveau prétexte pour cacher le problème principal : le manque d’adultes en chair et en os dans les établissements.
Pendant le confinement, les enseignants, faute de mieux, ont tout fait pour maintenir le contact avec leurs élèves, ils ont multiplié les mails, ont créé des groupes WhatsApp, appris à utiliser les plateformes de visioconférence, mais beaucoup d’élèves ont tout de même décroché, suivant la terminologie de l’Éducation nationale, faute de matériel, de connexions, ou de motivation. Pour masquer cette hécatombe, le gouvernement agite le chiffre de 5 à 7 % de décrocheurs. Mais là encore, ce chiffre ne peut tromper personne : même dans les milieux favorisés, l’enseignement à distance ne convainc personne. Et c’est bien sûr pire dans les milieux populaires, là où les parents ne peuvent pas toujours aider les enfants dans des conditions convenables.
Alors, bien sûr, ouvrir les écoles, les collèges et les lycées est une nécessité, surtout pour les milieux les plus pauvres. Mais là, comme partout, l’État est incapable de résoudre ce besoin élémentaire. Le gouvernement n’a pas cette préoccupation, lui dont le problème est avant tout de renvoyer les parents au travail. L’éducation, elle, vient après.