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La société en crise
Loyers : il faudra les payer !
Pour de très nombreuses familles populaires qui ont vu leurs revenus diminuer brutalement avec le confinement et l’explosion du chômage, partiel ou total, payer son loyer est devenu tout simplement impossible.
Le maire de droite de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, a annoncé vouloir annuler le loyer d’avril pour 4 000 locataires de l’office HLM, sans qu’on sache pour le moment si cela sera suivi d’effet. Au-delà de cette initiative médiatisée d’un maire non dénué d’arrière-pensées électorales, plusieurs associations, dont le Droit au Logement (DAL), demandent un moratoire sur les loyers des particuliers et appellent les locataires à ne pas les payer.
Plusieurs offices HLM et bailleurs sociaux ont déjà annoncé le report des échéances ou l’étalement des paiements. En Seine-Saint-Denis, le bailleur Plaine Commune Habitat estime avoir encaissé 15 % de loyers de moins qu’à la même période l’an dernier.
Pour ce qui est du logement locatif privé, un tiers est détenu par des petits propriétaires, ne possédant pour beaucoup qu’un seul bien en location. La plus grande partie de ce marché est entre les mains des groupes immobiliers qui n’entendent pas faire le moindre cadeau à leurs locataires. Le directeur du réseau Era immobilier France, un groupe international revendiquant 29 000 agences immobilières dans le monde, a déclaré : « Il ne faut pas ouvrir la boîte de Pandore car tout le monde n’est pas en difficulté. »
De son côté, le gouvernement s’est déclaré hostile à toute idée de moratoire ou d’annulation. « Il faut payer son loyer » a même tenu à rappeler le ministre du Logement. Alors qu’il offre des centaines de milliards d’euros au grand patronat, et qu’il a autorisé la suspension des loyers pour les PME, le gouvernement s’est contenté de prolonger la trêve hivernale jusqu’au 31 mai pour les locataires en difficulté. Pour les familles touchant le RSA, il a annoncé une aide exceptionnelle de 150 euros, plus 100 euros par enfant, ainsi que 100 euros pour les ménages bénéficiaires de l’aide au logement, dont l’augmentation n’est par ailleurs même pas envisagée. Cette somme est loin d’être suffisante, et ne sera versée qu’après le déconfinement. Les familles bénéficiaires devront donc se débrouiller jusque-là. Et elles ne représentent qu’une petite partie des centaines de milliers de personnes bientôt incapables de payer leur loyer et qui risqueront l’expulsion de leur logement une fois la trêve hivernale passée.
Celles-ci sont appelées à se tourner vers leur département et son Fonds de solidarité pour le logement, ou encore à prendre des conseils auprès d’une plateforme internet, voire à négocier avec leur propriétaire. Bref, à elles de se débrouiller face à la catastrophe pendant que l’État est occupé à sauver les profits d’une minorité de capitalistes.