Déconfinement : entre impératifs sanitaires et exigences patronales28/04/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/04/P3_Deconfinement_Macron_consulte_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C106%2C800%2C556_crop_detail.jpg

La société en crise

Déconfinement : entre impératifs sanitaires et exigences patronales

Lundi 27 avril, à la veille de l’intervention d’Édouard Philippe, on ne savait pas quelles seraient les modalités dictées par le gouvernement pour son plan de déconfinement, plusieurs fois annoncé et reporté.

Illustration - entre impératifs sanitaires et exigences patronales

Entre les impératifs sanitaires recommandés par le Conseil scientifique dont le gouvernement dit s’inspirer et les exigences du grand patronat pour que la machine à faire du profit redémarre, le gouvernement est sous des pressions contradictoires. Mais il n’est guère besoin d’être devin pour savoir de quel côté il penchera.

Que ce soit au 11 mai ou à une autre date, au moment du déconfinement, le virus n’aura pas disparu. Il infectera encore des dizaines de milliers de personnes. À ce moment-là, elles présenteront – ou pas – des symptômes, mais elles seront à coup sûr susceptibles de transmettre le virus qui continuera à circuler et à provoquer de nouvelles infections.

C’est à cette situation que répondent les scientifiques en préconisant « une sortie progressive et contrôlée » du confinement et en proposant un certain nombre de règles.

Bien sûr, les gestes barrières, la distanciation physique resteront de mise, comme pendant le confinement. Pour limiter la propagation, il faudra des stocks de masques de toute sorte. Dès que quelqu’un présentera des signes de la maladie, il faudra pouvoir confirmer avec un test de diagnostic s’il est ou non atteint. Si le diagnostic est positif, il faudra avoir les moyens de le mettre en quarantaine afin qu’il ne soit pas à l’origine d’un nouveau foyer de développement de l’épidémie.

Mais, comme pendant le confinement, l’adoption de ces mesures se heurte aux déficiences de l’État et au manque de matériel.

Et surtout, la pression du patronat pour remettre les travailleurs à la production est inconciliable avec ces mesures pourtant quasi « de bon sens ». C’est au point que même le Conseil scientifique, ce conseil officiel mis en place par le gouvernement lui-même, prend ses distances.

Concernant la rentrée scolaire, en raison du risque élevé de transmission dans les établissements et des difficultés pour mettre en place les gestes barrières, le Conseil propose de « maintenir les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités fermés jusqu’au mois de septembre. » Mais le gouvernement, lui, a promis au patronat une réouverture des écoles dès le 11 mai… pour libérer les travailleurs de la garde des enfants.

Les mêmes positions inconciliables se manifestent concernant les transports collectifs. Quand le Conseil scientifique parle du maintien d’une distanciation physique d’au moins un mètre entre les usagers et de port du masque, les directions des transports publics avancent les coûts, les nécessités économiques et l’impossibilité de mettre en place de telles mesures dans les structures existantes.

Alors que les connaissances progressent, que les scientifiques savent et disent par quels moyens techniques, physiques et sociaux la propagation du virus pourrait être contenue, l’issue de la crise reste en fait soumise aux impératifs financiers.

Partager