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Dans le monde
Afrique : l’impérialisme amplifie les méfaits du virus
L’épidémie de coronavirus s’étend en Afrique subsaharienne, même si elle y reste pour l’instant moins importante qu’au Maghreb ou en Égypte, sans parler de l’Europe. Les conséquences de la crise de l’économie mondiale se font pourtant déjà lourdement sentir pour la population.
Les prix ont commencé à monter sur les marchés. C’est notamment le cas du sucre, de l’huile et surtout du riz. C’est une des conséquences de la fermeture des frontières, en particulier pour les pays enclavés comme le Burkina Faso ou le Mali. C’est aussi dû au fait que les pays africains doivent importer une grande partie de leur alimentation. Alors que normalement plus de 40 millions de tonnes de céréales sont déchargées chaque année dans les ports africains, une grande partie du trafic maritime est aujourd’hui à l’arrêt. De plus, certains pays qui sont de gros producteurs, comme la Chine ou le Vietnam pour le riz, ont limité ou arrêté purement et simplement leurs exportations pour constituer des stocks de précaution. Le prix du riz a ainsi connu une envolée ces dernières semaines avant de redescendre, mais pour combien de temps ? Les grands trusts spécialisés dans le commerce des céréales sont à l’affut pour spéculer sur ces mouvements, avec infiniment plus de conséquences que ce que peuvent faire en la matière les vendeurs des marchés de Bamako ou de Ouagadougou.
Si la vie coûte plus cher, les ressources des travailleurs africains, elles, se réduisent. C’est le cas pour toutes celles et ceux qui vivent de petits travaux au jour le jour. Le confinement imposé désormais par la plupart des pays africains rend plus difficile, voire impossible de gagner ainsi sa vie. Mais une autre source importante de revenu se tarit aussi aujourd’hui pour les familles pauvres, et risque de diminuer encore avec la crise économique. Il s’agit des sommes que les travailleurs immigrés en Europe ou dans les pays du golfe Persique envoient à leurs familles restées au pays.
Selon la banque mondiale, ces sommes ont déjà diminué de 23 % dans les pays d’Afrique subsaharienne. Là où ils travaillent, les immigrés sont les premiers à perdre leur emploi. Dans les restaurants, les hôtels aujourd’hui fermés, sur les chantiers de construction, ils occupent des emplois précaires. Sur les chaînes des grandes usines, ils sont très souvent intérimaires, avec des missions aujourd’hui non renouvelées. Sans parler de tous ceux qui travaillent sans papiers.
Si par malheur le corona- virus frappe plus durement l’Afrique dans les mois qui viennent, la situation risque de devenir dramatique. L’économie de bien des pays est déjà au bord de la faillite à cause de la chute des cours des matières premières, qui existait déjà avant l’épidémie, et qui ne peut que s’amplifier. Le sous-équipement dans la santé est dramatique et personne ne pense que les hôpitaux soient capables de faire face. À cela s’ajoute le risque d’une crise économique privant toute une partie de la population des ressources élémentaires pour survivre.
Pour les pays d’Afrique, parmi les plus pauvres de la planète, l’impérialisme risque de faire plus de victimes que le virus.