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La société en crise
Budget rectificatif : plan d’urgence pour les actionnaires
Vendredi 17 avril, le gouvernement a fait voter un deuxième budget rectificatif, reprenant l’ensemble des mesures de ces dernières semaines. Le résultat de son « plan d’urgence économique » est édifiant. Les 110 milliards d’euros prévus sont consacrés en quasi-totalité aux entreprises du secteur privé.
Tout d’abord, 20 milliards d’euros sont consacrés à aider les entreprises stratégiques, sous forme de participations au capital ou de nationalisations temporaires. Vingt très grosses sociétés au plus en profiteront, dont Air France, Renault ou Vallourec, sans qu’aucune contrepartie ne soit demandée. Un amendement LREM leur conseille gentiment d’être « exemplaires, en particulier en matière de lutte contre le changement climatique ».
Une série d’aides financières aux entreprises ont été accordées ou augmentées. Les plus grosses en profiteront beaucoup plus que les petites, même proportionnellement à leur taille. Par exemple, la prise en charge du chômage partiel (24 milliards d’euros) est largement utilisée par les grands groupes. De même, les 5 milliards d’euros octroyés aux gros exportateurs n’iront ni aux artisans, ni aux restaurateurs.
De même, les avances remboursables, les divers fonds de solidarité, les garanties de l’État pour les emprunts profiteront d’abord aux entreprises les plus solides, celles qui ont leur réseau et leur entrée privilégiée dans le circuit bancaire.
En comparaison, les 8 milliards d’euros consacrés à combattre directement l’épidémie semblent dérisoires. Il y a certes l’achat de matériel en urgence, masques, tests, respirateurs, pour 4 milliards, et le financement des mesures salariales annoncées pour les soignants : la prime unique de 500 à 1 500 €, et la majoration à 50 % des heures supplémentaires. Mais c’est tout. Rien n’est prévu pour l’avenir, en matière d’embauches, de revalorisation salariale, ou de réouverture de lits.
Mais c’est pour la population la plus fragilisée par le confinement que ce « plan d’urgence économique » est inconvenant au regard des besoins Le gouvernement a promis 150 € pour les titulaires du RSA et 100 € supplémentaires par enfant, et un petit coup de pouce de 100 € par enfant aux bénéficiaires d’APL. Mais on ne pourra pas cumuler les deux ! Le total de ces mesures d’urgence destinées aux plus démunis ne va pas dépasser 900 millions d’euros, soit 0,8 % du nouveau budget.
Les députés de la majorité LREM ont voté ce budget « d’urgence économique » comme un seul homme. Le Parti socialiste et les Républicains ont fait de même. La détresse dans laquelle plonge une partie de la population n’ébranle visiblement pas ces représentants du peuple.