Hôpital de Bicêtre : les revendications applaudies, pas Macron !15/04/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/04/P6_Macron_a_Bicetre_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C265%2C800%2C715_crop_detail.jpg

La société en crise

Hôpital de Bicêtre : les revendications applaudies, pas Macron !

Une vidéo tronquée par l’Élysée a circulé, montrant Macron et les soignants de l’hôpital de Bicêtre, dans le Val-de-Marne, applaudissant à l’unisson, lors de la visite de celui-ci le 9 avril. Le trucage a rapidement été démystifié.

Illustration - les revendications applaudies, pas Macron !

En fait, c’est à l’appel d’une salariée syndiquée CGT que les présents ont applaudi, après que leur rancœur et leurs revendications ont été exprimées de vive voix.

Macron avait accompli un tour de piste dans le hall du bâtiment Barré-Sinoussi et ceux qui avaient réussi à arriver à temps pour le spectacle le racontèrent aux autres. Il avait l’air si petit, ce président, vu des balcons des étages qui surplombent le hall. Pour une fois, c’était à leur tour de le prendre de haut.

La réduction des capacités d’accueil, en lits et en effectifs de personnel, dénoncée sans relâche depuis deux ans, en psychiatrie puis aux Urgences notamment, par des manifestations d’hospitaliers, met l’hôpital en situation d’échec face à l’épidémie de Covid-19. À Bicêtre, quasiment tous les lits sont occupés et par exemple, l’installation de lits de réanimation supplémentaires dans la salle de réveil (SSPI) du bâtiment Broca, dans des espaces mal adaptés et encombrés, avec le renfort de collègues ne pratiquant pas d’habitude cette spécialité, crée une situation anxiogène et périlleuse.

Ce sentiment d’impuissance insupportable a donc été exprimé haut et fort, le 9 avril, par une infirmière : « On aime les gens, on aime l’hôpital public. Les soignants, on est des pauvres, et demain, on peut se retrouver dans les lits, nous aussi. Et ce qu’on aimerait pour nous, on aimerait pouvoir le faire pour autrui. Et avec des manques d’effectifs, avec des manques de personnel, on n’y arrive pas. Et nous, on rentre chez nous avec ça ». Macron a essayé de brouiller ce discours en lui coupant la parole : « C’est vrai qu’on n’a pas rattrapé quinze années de baisse du tarif hospitalier, vous avez raison […] mais je ne prendrai pas les responsabilités pour tout ce qui a été fait avant. »

Quand une soignante a pris Macron à partie au sujet des salaires, certains médecins présents lui ont demandé, en vain, de se taire. Ce n’était pas le moment, d’après eux. Mais c’est précisément au moment où les possédants profitent de la situation pour soutirer à l’État tous les milliards possibles que les soignants doivent se faire entendre, eux aussi !

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