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Dans les entreprises
Agents de sécurité : la colère monte
Début avril, deux agents de sécurité sont morts du Covid-19. L’un, âgé de 57 ans, faisait partie des 52 agents de sécurité de l’hôpital d’Amiens. L’autre, qui avait 58 ans, travaillait à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, pour le groupe Samsic, dont un autre salarié, responsable de la sécurité d’un centre commercial à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, est décédé le 20 mars. Au total, selon la CGT, au moins huit agents de sécurité sont morts depuis le début du confinement.
En France, plus de 174 000 agents de sécurité travaillent dans les aéroports, les hôpitaux, les banques, les commerces, les bâtiments publics, souvent douze heures d’affilée. En pleine épidémie, ils n’ont pas de moyens de protection à la hauteur des risques qu’ils encourent, eux qui sont en contact direct avec la population. Dans les hôpitaux, ils se déplacent beaucoup, de la loge d’entrée aux parkings, mais aussi parfois au sein des services, pour gérer des patients violents. À l’hôpital d’Amiens, ils n’ont pas eu de masques pendant les quatre premières semaines de confinement ; ils en ont désormais, mais déplorent de ne pas avoir de charlottes, gants, lunettes et surblouses comme les soignants. Dans les aéroports, ils fouillent les bagages, palpent les voyageurs, passent autour des corps leur détecteur d’explosifs. Alors que certains ont réclamé des masques, la direction du groupe ADP (ex-Aéroports de Paris) leur a répondu que ce n’était pas une obligation et leur a proposé « un autre système de palpation » : au lieu de palper les gens face à face, les palper par derrière !
Çà et là, la colère commence à s’exprimer. La CGT prépare un dépôt de plainte contre la société Fiducial Private Security, dont 39 salariés sont atteints du Covid. Elle l’accuse de les avoir mis en danger alors qu’ils travaillent sur des sites où ils sont obligés de s’approcher des visiteurs pour vérifier leur attestation, parfois pour prendre leur température. Au siège de la Banque postale, à Paris, des agents de sécurité font circuler une pétition pour demander une prime de risque de 1 000 euros. Par ailleurs, jeudi 9 avril, à l’usine Lesieur de Coudekerque-Branche, dans le Nord, treize agents de sécurité et agents d’entretien ont fait grève. Employés par le prestataire de services Atalian, ils exigent ensemble de toucher la prime de 30 euros par jour, versée par Lesieur aux ouvriers.
Les sociétés de sécurité sont de grands groupes qui font des bénéfices florissants sur le dos de milliers, parfois de dizaines de milliers de salariés payés au smic. Mais comme pour tous les capitalistes, la santé de leurs profits passe avant celle des travailleurs.