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Dans le monde
Afrique : une aide où la générosité n’a rien à voir
Dans son discours lundi 13 avril, Emmanuel Macron a proposé d’annuler la dette des pays africains. Ces propos vont plus ou moins dans le même sens que ceux des dirigeants du Fonds monétaire international, de l’Union européenne ou de la Banque mondiale. Dans ce domaine comme dans bien d’autres, il y a cependant loin de la coupe aux lèvres.
Le 8 avril le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, annonçait ainsi fièrement un plan d’aides à l’Afrique de 1,2 milliard d’euros. Décortiqué par des organisations humanitaires, il s’est avéré que celui-ci consistait en 150 millions d’euros de dons et en un milliard de nouveaux prêts, qui vont de fait augmenter la dette.
L’Union européenne a promis de son côté 17 milliards d’aides, sans en préciser pour l’instant les modalités. Un économiste africain exprimait son scepticisme dans le journal Les Échos du vendredi 10 avril : « Le diable est dans les détails. Il faudra voir les conditions et les modalités de versement. S’il y a bien une aide dont les montants décaissés sont très faibles par rapport aux montants annoncés, c’est bien celle de l’Union européenne jusqu’ici. » « Le flux de décaissement, c’est-à-dire l’aide réellement déboursée, est en général inférieure à 20 % », ajoutait-il.
Mais même l’aide qui parvient réellement aux pays africains est depuis toujours récupérée par les trusts qui y opèrent, par le grand patronat local et est détournée au profit de leur clan par les dirigeants africains. Les aides apportées en 2014 au moment de l’épidémie d’Ebola n’ont pas vraiment amélioré la situation dans les hôpitaux, qui restent sous-équipés, ni pour les médicaments qu’il est très difficile de se procurer, ce qui fournit un marché de choix aux charlatans de toutes sortes.
Quant à l’annulation de la dette, là aussi, il faut voir la réalité derrière les déclarations. Les institutions internationales sont surtout favorables à un gel de cette dette pour, disent-elles, faire face à la catastrophe économique que serait en Afrique le développement de l’épidémie, et aussi aux révoltes populaires qui pourraient en résulter.
La dette des pays africains a doublé en dix ans pour atteindre aujourd’hui 343 milliards de dollars. Elle est insoutenable pour ces pays aux économies dont la fragilité est encore accentuée par la chute du cours des matières premières et les conflits armés. Même si cette dette était momentanément supprimée, elle ne tarderait pas à réapparaitre, car elle découle du mécanisme même des rapports entre les pays impérialistes et les pays les plus pauvres de la planète.
La population d’Afrique ne peut certainement pas compter sur les prétendus généreux donateurs des pays impérialistes pour faire face à l’épidémie et aux ravages qu’elle peut faire en se développant.