Renault – Flins : la direction multiplie les tentatives de reprise01/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2696.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault – Flins : la direction multiplie les tentatives de reprise

Officiellement, la direction de l’usine Renault de Flins respecte le confinement. Dans la réalité, les entorses se multiplient, et cela depuis le début.

Le 17 mars, la fermeture de l’usine n’a été effective qu’après la fin de l’horaire de travail de l’équipe du soir, mais pas pour tout le monde. Sous prétexte d’approvisionner en pièces détachées les garages devant dépanner les véhicules urgents (ambulances, pompiers, etc.), la direction a maintenu une activité partielle au centre de pièces et accessoires (CDPA), ainsi qu’une ligne de presses pour assurer la continuité de la production à l’usine de Bursa en Turquie.

D’autre part, une partie des quelque 400 sous-traitants du site ont continué leurs activités. Et la chaîne de production étant arrêtée, la direction a appelé des prestataires pour des interventions qu’ils ne pouvaient réaliser pendant que les installations tournaient.

La direction avait tout prévu pour assurer la protection... du moins dans des propos qu’elle voulait rassurants. Les discours, s’ils ne protègent pas, au moins ne lui coûtent rien !

Pour entrer dans l’usine, il fallait passer par le poste de l’entrée principale. Là, le personnel de sécurité devait prendre et rendre à main nue les cartes d’accès, puisque ces employés n’avaient ni gants, ni masque, ni gel hydro- alcoolique, ni même de savon à leur disposition.

Soixante travailleurs du CDPA se sont retrouvés à devoir assurer les approvisionnements, au départ sans la moindre protection. Finalement, devant la colère qui montait les protections sont arrivées.

Les travailleurs ont également exigé de n’assurer que les commandes urgentes et de pouvoir partir dès que celles-ci étaient faites tout en étant payés la journée complète. La direction a donné son accord. Mais il n’a pas fallu longtemps pour qu’un responsable tente d’imposer de faire du rangement pour s’occuper jusqu’à l’heure de la sortie. Devant la colère des travailleurs, là encore la direction du département a reculé.

Dès le 20 mars, la direction a annoncé sa volonté de faire redémarrer trois des lignes de presses de l’Emboutissage, d’une partie de la Tôlerie, ainsi que l’activité d’un atelier de préparation de certaines pièces détachées, et bien sûr la poursuite du travail au CDPA, avant de devoir renoncer. Mais le 26 mars, elle remettait d’actualité le redémarrage d’un atelier et alléguait un besoin de personnel, dans les jours à venir, pour stocker une livraison de 5 000 batteries électriques pour la Zoe.

Pourtant le même jour, il y avait, selon elle, au moins un cas avéré de travailleur contaminé et cinq autres très probables. Et à l’exception d’un seul, tous travaillaient précisément au CDPA.Le 27, la direction renonçait à poursuivre la production de l’Emboutissage en raison d’un cas de force majeure : non pas la sécurité des travailleurs, mais le manque de commandes suite à la fermeture de l’usine de Turquie.

Le 28 mars, à l’heure de l’annonce de la poursuite du confinement jusqu’au 15 avril, la direction annonçait le prolongement de la fermeture de l’usine jusqu’à la même date, mais convoquait par téléphone un certain nombre de travailleurs pour le mardi 31 pour, selon elle, étudier les possibilités d’une reprise de la production, dès que possible, en respectant les gestes barrières.

À croire que les directeurs n’ont jamais mis les pieds dans les ateliers pour ne pas savoir que sur de nombreux postes, sinon tous, il est impossible de respecter la mesure la plus importante, celle de la fameuse « distanciation sociale » d’un mètre, un mètre cinquante.

La direction dit préparer l’avenir. Un grand mot pour une réalité sordide : le redémarrage de la production au plus tôt malgré les risques qu’elle fait courir aux travailleurs.

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